jeudi 28 juin 2018, par
La pochette et le nom de ce petit EP du très prolifique The Imaginary Suitcase reprend une réflexion qu’on s’est forcément tous fait récemment. On ne va pas citer tous les motifs à l’origine de cette agacement, on va se borner à dire qu’on partage cet état d’esprit. Quand on est un artiste comme Laurent Leemans, c’est la musique qui permet de l’exprimer. Il n’en a donc pas fait de nouvelles, il en a pris trois existantes, emblématiques et inusables.
On ne va pas se lancer dans une histoire de la protest-song. Il y a l’excellent33 Revolutions Per Minute de Dorian Lynskey pour ça. Lequel ouvrage traite aussi de Which Side Are You On ?, brûlot de 1931 été remis au gout du jour par Pete Seeger lors d’un revival folk (celui des années ’60…) et qui est un des plus grands classiques américains. Ce genre de morceau convient évidemment à son style et l’harmonica en fait plus qu’un chant de manif.
Bella Ciao est évidemment la plus en vogue, popularisée pour la énième fois de son existence par la surcotée série Casa De Papel et une ignoble version de Maitre Gims. Cette version acoustique est évidemment bien plus digne, gardant sa belle voix et puis bon, c’est un énorme morceau, on s’en rend compte ici.
La Complainte du Partisan (à ne pas confondre avec le Chant des Partisans contemporain) a déjà eu tellement de versions sublimes qu’il semble plus casse-pipe de s’y attaquer. Passer après Léonard Cohen qui l’a popularisé sous le nom de The Partisan sur Songs From A Room, c’est évidemment risqué. Si on ajoute la relecture insensée de 16 Horsepower et Noir Désir et les versions live d’Other Lives, on est en bonne compagnie. Cette version-ci est bien sobre, avec un léger orgue en support. Il ne faut pas trop en faire quand on entreprend de ne pas dénaturer un classique.
Bella Ciao, Which Side Are You On et La Complainte du Partisan, The Imaginary Suitcase puise dans l’intemporel réservoir de protest-songs pour un ras-le-bol bien actuel. Sa voix va sur tout, c’est une constatation qui s’étoffe encore. Allez, on ne se laisse pas abattre. We Shall Overcome comme ils disent.
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On avait parlé d’un premier album sensible du jeune artiste belge Auguste Lécrivain. Si vous avez écouté (c’est bien), sachez que l’évolution est manifeste. Exit la chanson française ‘canal historique’, exit les tentations bossa, voici le temps d’un groove plus en phase avec son époque. Plus qu’un ravalement de façade, on peut parler de reconstruction, mais avec les matériaux d’origine. Un (…)
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Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)
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La veille musicale est un engagement à temps plein. Une fois qu’on a aimé un.e artiste, il semble logique de suivre sa carrière. Pourtant il y a trop souvent des discontinuités. Mais il y a aussi des possibilités de se rattraper. La présence de Vincent Dupas au sein de Binidu dont l’intrigant album nous avait enchantés en était une. On apprend donc qu’il y avait eu un album en mars et (…)