mardi 31 juillet 2018, par
C’est maintenant très clair, Konstantin Gropper avait un plan. L’évolution au fil de ses 5 albums est tellement manifeste et uniforme qu’il est impossible de ne pas y discerner un dessein. Amoureux des deux premiers albums de la formation (auxquels il faut ajouter l’excellent EP Songs Against the Glaciation), on l’a vu glisser de l’émotion des débuts vers quelque chose de plus policé et ample à la fois qui nous a forcé à trouver les traces de ce qu’on avait jadis tant apprécié. Maintenant que ces bribes sont presque effacées, on va pouvoir se pencher sans trop de nostalgie sur la nouvelle façon de la formation teutonne qui est principalement l’émanation de l’omniprésent Konstantin. Il a certes pris le temps d’une triple pause, livrant des EP plus bruts (selon ses critères), mais ce n’étaient que d’agréables digressions qui nous ont valu une inattendue version de Careless Whispers. On avait aussi deviné une inclination années ’80 qui a complètement disparu et ce n’est pas regrettable.
Les violons sont de sortie sur la majestueuse plage titulaire mais pas qu’eux. Tous les instruments d’une bonne BO Disney sont là aussi. Mais il n’y a plus de guitare à l’horizon pour densifier l’ensemble, laquelle densification se fera logiquement en mode orchestral, avec des cuivres lumineux. Donc oui, ça respire la compétence et la sincérité.
On avait dès le premier album détecté des ressemblances avec certains exercices de Pulp et cette référence est une des seules qui traverse toute la discographie. Par certains aspects, on peut trouver ici des successeurs à We Love Life qui n’en a pas eu. C’est flagrant dès Future Ruins où les voix mêlées forment l’ossature du morceau. Le magnifique This Is Hardcore de la formation de Sheffield et ses emprunts évidents à Scott Walker pourrait également figurer en matrice première de ce qu’on entend ici, même si l’aspect épique est un peu moins manifeste.
Si c’était un tout nouveau groupe dont on ne connaissait rien, il serait plus facile de moduler l’attente. Finies les émotions post-rock, les guitares parfois engagées, les cuivres au premier plan. On se trouve donc face à une musique pop extrêmement orchestrée, qui se fait parfois un peu trop riche pour être honnête mais qui distille aussi de bien bons moments. Nightmare No.2 fait évidemment penser à un autre orfèvre de pop ouvragée, Neil Hannon. On reste en famille bien entendu parce que le sens mélodique et l’élégance sont bel et bien là.
On s’est surpris à préférer ceci aux deux derniers albums, sans doute parce que l’attente était différente. Tout comme on a bien aimé Foreverland parce qu’il proposait de meilleurs morceaux que ses prédécesseurs, The Horror nous gratifie au moins d’autant de bons moments que ces deux prédécesseurs. On aime tout de même la fin décontractée de The Martyrs, la majesté dense de Nightjogging. La série des Nightmare présentent des mélodies d’une qualité rare mais bon, orchestralement je reste sur le pas de la porte (Nightmare No.3). Cet album a forcément une fin spectaculaire. On est presque certains qu’ils ont déjà la choré qui va avec (Finally) A Convenient Truth.
The Horror propose aussi de la musique qui s’écoute en claquant des doigts avec un verre d’armagnac à la main (The Only Thing We Have To fear) et quelques instrumentaux pour aérer l’ensemble.
Plus que l’album de l’érosion (comme a pu l’être Everything Now), celui où la passion se mue en poli respect de la chose bien faite, avec le détachement que pourrait nous offrir la lecture d’une lettre d’amour ne sous étant pas adressée (le malaise en moins), The Horror semble le début d’autre chose et à ce titre ne doit plus être comparé aux maintenant lointains débuts de la formation. Cette nouvelle forme se complexifie et vit sa propre vie. Comme Neil Hannon dont il pourrait être le pendant ‘romantisme allemand’, Gropper décide de vivre hors du temps et livre un album qu’on s’attendait presque à décevoir avant de se raviser devant l’effarante ambition et quelques morceaux qui nous accompagnent déjà.
Non, il n’y a pas vraiment de clip accompagnant cet album, mais une série de courts métrages qu’ils mettent en musique. Voici le premier des 8 épisodes. Les autres sont ici
The Horror - Episode 1 - Martyrs from GET WELL SOON on Vimeo.
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