lundi 10 septembre 2018, par
Un des moteurs les plus puissants d’un artiste, c’est sans doute l’envie. Il n’est pas trop compliqué de comprendre celle qui a présidé à la genèse de cet album. Envie de rock, de groupe, d’enregistrement live, sans doute pour faire diversion dans une série de tournées en formation minimale et des enregistrements (celui-ci, Paris Tristesse) en piano-voix. On a aussi décelé ces envies contraires de Dominique A qui sort deux albums cette année-ci pour des résultats forcément bien différents. Il n’est évidemment pas le premier. Même Bowie a eu cette tentation avec Tin Machine. Mais il faut bien avouer que ce projet est largement oublié à l’aune du reste de sa discographie et on devine un destin similaire pour ce Ton Corps Est Déjà Froid. Notons aussi ce cette sortie surprise est publiée sous le nom de Pierre Lapointe et les Beaux Sans-Cœur et qu’il fera l’objet d’une petite tournée canadienne.
Tout comme son approche de la musique est parfois bien conservative (occasionnellement kitsch diront les moins indulgents), le rock vu par Pierre Lapointe est aussi fort convenu. Qu’on soit clair, il en faut plus que quelques guitares électriques pour nous faire tourner de l’œil et ces colonnes sont remplies d’œuvres bruitistes et exigeantes.
Mais ce qu’on entend ici est du rock bien basique mais qui est assez régressif dans ses intentions comme dans son exécution. Sympa, certes, mais c’est compliqué d’en faire sortir une émotion. Ce n’est sans doute pas l’intention du reste. Par contre, le rockabilly de Si Tu Dis Non est imbuvable selon nos standards. Les Forbans sont passés par là et on serre les dents. Ne pas être trop exigeant pour une récréation mais bon, on est là aussi pour juger du plaisir d’auditeur.
Lequel sera comblé avec de bonnes choses comme Sous Ses Cheveux ou les moments calmes qui scellent les retrouvailles. (Encore Un Autre Amour). Il faut évidemment garder la voix claire et en avant, on est dans la chanson française et le public potentiel, même s’il ne sera constitué que de convaincus, voudra comprendre les mots de Pierre. A raison d’ailleurs, ils n’ont pas été bâclés. Avec au passage quelques grivoiseries amusantes (Il parait que t’es un animal/Une bête au lit/On dit que t’es comme un demi-dieu quand tu nous farcis sur Vrai ou Faux, 1 2 3 4/J’aimerais te prendre à quatre pattes sur 1 2 3 4)
Il y a indéniablement de la compétence ici, comme en témoignent les 9minutes instrumentales de Décompte. Mais on se rend compte aussi que cette jam bien balancée n’arrive pas à capter l’intérêt. On est en 2018 et des années de fréquentation du post-rock nous ont rendus exigeants.
Voici donc une critique trop sérieuse d’un album pas prétentieux. On dit pudiquement dans des cas comme celui-ci que c’est un album pour les fans. Trop bruyant pour les amateurs de chanson française ciselée, pas assez pour les amateurs de rock pur et dur, il peinera sans doute à trouver un public large. On est bien d’accord que c’est le plaisir de jouer ensemble un peu plus fort qui a présidé ici et que les textes restent touchants ou amusants Ils se sont visiblement bien défoulés mais quand la forme revêt d’aussi peu d’intérêt, la pertinence du fond se perd un peu.
On avait déjà confessé un goût prononcé pour ceux qui abordent la chanson française avec des envies résolument indé. Dans ce contingent, Volin nous avait beaucoup plu et on retrouve son leader Colin Vincent avec plaisir sur ce nouveau projet. Si on retrouve la même propension à garder des textes en français sur des musiques plus aventureuses, le style a un peu changé.
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