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Séance de Rattrapage #73 - The Day, EggS, Rivulets

mercredi 30 janvier 2019, par marc


The Day - Midnight Parade

Belle chose solide dans le fond et éthérée sur la forme, ce premier album du duo batavo-germanique The Day séduit d’abord par la jolie voix haut perchée de Laura Loeters qui est parfaitement à sa place sur cette dream-pop bien charpentée. Elle monte dès Island, prenant la place qu’elle doit.

Cette musique parfaitement en phase avec le gel dégage une vraie beauté. Un peu policée certes mais tellement maitrisée que les écoutes peuvent s’empiler sans effort. Comme souvent dans ce cas, ce sont les variations qui retiennent l’attention. Quand les synthés sont employés sur Grow par exemple, ça fonctionne évidemment, lissant encore le propos au passage.

On retiendra surtout le beau chorus final de Berlin, morceau plus majestueux qui peut agir comme carte de visite. C’est langoureux et enveloppant comme il faut, comme du Stars en plus hiératique. On aime aussi quand explose Illuminate ou Yet To Come qui monte sur un roulement de batterie. Ce n’est pas spectaculaire comme du post-rock parce que plus retenu mais dans le contexte de l’album, c’est une bien plaisante digression.

EggS - EggS

De la pop à guitares, un orgue, on se sent dans la foulée de la C86 à l’entame d’I Fell In Love With A Girl. La pop indé des années 80 et 90 est clairement mentionnée, on s’apprête à ressortir ses vieux exemplaires de Mofo. On a d’emblée la sensation que c’est le genre qui pourra se réécouter dans 20 ans sans problème aucun.

Groupe formé de membres de plein d’autres groupes parisiens, EggS est typiquement le genre de projet de musiciens qui veulent se faire plaisir en assumant une passion commune. Et en le faisant avec compétence, passant des guitares plus cristallines sur I Fell In Love With A Girl au bridge plus dense de Nothing Like this Happens To Me.

Et c’est comment ? C’est fort bien, à la hauteur de ses ambitions. Si on devine tout ça comme extrêmement référencé (les interviews compréhensibles par une poignée de jeunes quadras), le profane (on en est un peu) trouvera son compte parce que c’est catchy. C’est très intelligemment produit aussi, avec un faux côté ‘live’ qui empêche toute mièvrerie. Avec le ton très pop des compositions, c’est un contrepoint qui fonctionne en tous cas. On a l’impression que tous les instruments sont en avant un moment ou l’autre, c’est un très bel effet.

Rivulets - In Our Circle

Les amis de nos amis devraient être nos amis aussi, si la transitivité était aussi facile en musique. Porté par ses compatriotes de Low, Nathan Admundson a créé Rivulets à la fin des années ’90. Non, je n’en avais jamais entendu parler avant cet album paru chez Talitres.

Le premier morceau est presque acoustique (c’est un son de guitare électrique non distordu) et c’est un des deux pôles de l’album, qu’on retrouve autant sur le dépouillé 24 que sur Lucky Admunson est seul à la guitare électrique. L’autre versant est électrique et abordé dès le second morceau

Les amateurs retrouveront du fuzz presque comme Neil Young et son Crazy Horse (You Can Never Come Back). Cette alternance avec des morceaux plus calmes et à la voix plus haut perchée (Because I Don’t Care) est d’ailleurs une marque de fabrique du loner canadien. Cela dit, on retrouve aussi ce genre de dichotomie chez Sophia, autre référence en la matière.

La finition tend à mettre les aspérités en avant, donnant un aspect très brut qui sert de liant entre les gros écarts de décibels. La voix un peu limite parfois mais qui est bien expressive (Because I Don’t Care) renforce encore cette impression. Version plus dépouillée de choses qu’on aime beaucoup ici (Low, Sophia, Neil Young), Rivulets en tente la synthèse et la réussit.

    Article Ecrit par marc

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