Accueil > Critiques > 2019

Fat White Family - Serfs Up !

lundi 13 mai 2019, par marc


On le confesse, on a toujours un petit faible pour le mauvais esprit. C’est pourquoi on ne comprend pas comment cette Fat White Family ne s’était pas frayé un chemin jusqu’à nous. Les présentations ne prendront pas beaucoup de temps, le premier morceau montre une vraie belle grande ampleur. J’ai pu lire qu’on présentait ça comme le chaînon manquant entre Moby et l’Arcade Fire de Reflektor. Le spectre est large donc. Mais vous pourrez aussi penser à Of Montreal ne poursuivait qu’une idée à la fois (Vagina Dentata) ou les tendances synthétiques d’Islands.

L’écho sur la voix d’I Believe In Something rappelle de bien vieilles choses post-punk (Wire, ce genre…), avant de continuer comme si de rien n’était dans les traces d’un Xiu Xiu. Cela dit, cet album est à l’antipode du terrorisme sonore et joue sur l’intensité et la densité sonore. Même le Kim’s Sunset peut basculer dans une lourdeur bienvenue. Parfois aussi, c’est une grosse basse qui s’en charge sur Fringe Runner.

Quand on voit à quel point les clips sont, heu… particuliers, cette solidité propose un bien pertinent contrepoint à cet album visiblement narquois mais aéré et aux textes bruts (Bobby’s Boyfriend). Mais ce qui retient l’attention, ce sont les gros morceaux. Au rayon des réussites on pourra aussi bien mentionner le gros glam bien saignant de Tastes Good With Money que le très joli Oh Sebastian, sorte de lamento doux sur couche de cordes synthétiques pour lequel on pense plus à des choses comme Cloud Cult. Et puis il y a en sus du premier morceau un autre énorme moment qui s’appelle Rock Fishes et sa grosse dose de mélancolie tenace et lancinante.

Serfs Up ! est donc un bon album de pop synthétique et dense, une de nos découvertes du printemps, qui grandit au fil des écoutes. Excitante dans la forme et un chouïa subversive dans le fond, la musique de Fat White Family est une petite capsule revigorante de mauvais esprit dense.

Ca s’écoute ici

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • The Smile - Wall of Eyes

    Même en 2042 et après avoir sorti 13 albums réussis, The Smile restera ’le groupe des deux types de Radiohead’. C’est comme ça, le groupe d’Oxford est trop ancré dans la culture pop pour passer au second plan de quoi que ce soit. Mais cette encombrante et inévitable figure tutélaire ne doit pas oblitérer les qualités indéniables de The Smile. Les deux protagonistes, flanqués du batteur Tom Skinner au (...)

  • PJ Harvey – I Inside The Old Year Dying

    C’est un phénomène que j’ai du mal à m’expliquer. Il m’est difficile voire impossible de me plonger dans des œuvres récentes d’artistes que j’ai beaucoup aimés il y a longtemps. Si dans certains cas c’est la qualité de leurs albums qui est l’explication la plus facile (Muse, The Killers, Foals...), c’est plus mystérieux en ce qui concerne Radiohead, Nick Cave ou PJ Harvey.
    Il faut dire aussi qu’elle a pris (...)

  • Ralfe Band - Achilles Was A Hound Dog

    Outre un flair hors-normes pour dégotter des talents très actuels (Nadine Khouri, Raoul Vignal, Emily Jane White...), Talitres a aussi le chic de remettre en selle des formations culte. A l’instar de Flotation Toy Warning ou The Apartments, Ralfe Band était passé sous nos radars et c’est le label bordelais qui nous le signale.
    Et il fait bien. Si les albums précédents du groupe d’Oly Ralfe datent (...)

  • The Veils – ...And Out of the Void Came Love

    The Veils est ancré à l’histoire de ce site puisqu’à peu de choses près ils avaient constitué un de nos premiers coups de cœur, en 2004. On avait évidemment suivi toute leur discographie, noté qu’ils étaient absents depuis un petit temps mais il faut être honnête, on avait un peu oublié l’album solo de Finn Andrews. En une heure et quinze morceaux, un des albums de l’année fait le tour du propriétaire et des (...)