mercredi 19 juin 2019, par
On n’a pas fini de parler de Dan Boekner. On n’a même pas à traquer ses sorties, on peut se laisser surprendre par ses inévitables retours. Il semble qu’il ait trouvé une forme qui lui plaise suffisamment pour continuer la fructueuse expérience d’Operators dont c’est le second album.
Le premier morceau s’appuie sur une progression d’accords mineurs et une belle pulsation. Quand ce mélange est maîtrise, il est forcément irrésistible. Days nous propulse donc dans l’univers d’Operators qu’on connait déjà bien. On aura droit bien évidemment à quelques titres plus catchy pour faire la différence (magnifique Strange) et quelques plages instrumentales pour faire respirer l’album.
C’est une musique carrée, impeccablement finie. Le mélange de guitare et de synthés fonctionne en plein en tous cas. Faithless pourrait d’ailleurs se poser en version post-punk ou kraut de New Order. Le gimmick lancinant d’I Feel Emotion renvoie aussi à la légendaire formation de Manchester. Mais ce n’est en rien un pastiche, le ton est plus direct, et la voix est convaincante bien évidemment. Ils se font plus binaires aussi parfois et ça claque (Low Life). Donc la base est plus large qu’il n’y paraît, surtout que Despair a le côté plus rentre-dedans d’A Place To Bury Strangers (enfin, pas celui encore plus abrasif du début). C’est dans le son que ça se passe, le ton est moins énervé que sur les albums de Handsome Furs (et des Divine Fits, aussi) dont Operators semble la suite logique et plus aboutie.
Le pessimisme foncier des paroles n’empêche pas une motivation de tous les instants, c’est aussi ce qui fait le sel et l’agitation d’Operators. Pas à dire, on a toujours l’impression que l’énergie de Boeckner est là, poussant tout ce qui bouge (Terminal Beach). Sa façon de chanter unique s’accommode finalement de tout et est le fil rouge entre toutes ses formations. Certains parlent même de renvoyer à Bruce Springsteen et le souffle est en effet comparable même si les comparaisons littérales sont plus compliquées.
On ne peut vraiment plus se laisser surprendre par un album avec Dan Boeckner aux commandes. Sa productivité (comme celle de son comparse au sein de Wolf Parade Spencer Krug) n’a jamais été synonyme de dilution mais certaines productions semblent plus abouties que d’autres et celle-ci l’est manifestement.
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