Accueil > Critiques > 2019

Bat for Lashes - Lost Girls

vendredi 20 septembre 2019, par marc


Quand on voit le nombre d’artistes chez lesquelles on décèle une trace d’influences de Natasha Kahn, on peut montrer qu’au delà de l’impact sur son public, Bat For Lashes est important dans notre époque. N’étant pas artiste, on peut aussi dire qu’elle a su avoir une place particulière dans nos coeurs d’auditeurs. Il a fallu souvent aller chercher ses albums au fil des écoutes mais la gratification est toujours au rendez-vous. Ce sera encore le cas avec son cinquième album.

Il semble moins conceptuel en apparence mais on parle tout de même d’un personnage (Nikki Pink) et de son gang de motardes dans un Los Angeles fantasmé. Les sons sont un peu froids et synthétiques, très inspirés des années ‘80 sans la teneur nostalgique (on n’en est pas loin sur Jasmine). Ce n’est pas si éloigné de ses dernières productions, il est bien plus mis en avant ici et les histoires qui semblent sorties d’une vieille VHS, ce qui permet de mettre en adéquation fond et forme.

On entendra donc à la fois des sons très réminiscents de The Cure et du saxophone sur l’instrumental Vampires. Avec l’intensité de sa voix, c’est un mélange qui marche et évite tout pathos (lequel était plus présent sur The Bride) mais le prix à payer est une distance, un son froid très référencé qui pourra rebuter ceux qui la découvrent (pour peu que ça existe encore). L’aspect un rien lisse (So Good) impose d’approfondir un peu avant mais on sait qu’on va percer la cellophane et c’est exactement ce que fait le très prenant The Hunger.

Elle a une façon bien à elle d’apporter un peu de pesanteur à Desert Man ou faire de ce Jasmine un aussi grand morceau. On apprécie aussi les bonnes percussions synthétiques de Feel For You, morceau vraiment très connoté dans son genre mais indéniablement réussi. Et il y a même des choses plus dépouillées, laissant plus de place pour la voix et la mélodie (Mountain). Il est probable qu’on n’aille pas voir en concert à quel point ces morceaux peuvent être touchants mais il ce ne sera pas nécessaire pour apprécier cet album qui augmente avec les écoutes, comme à chaque fois avec Natasha.

Impeccable, c’est sans surprise le verdict de ce cinquième album de Natasha Kahn. Si on n’est parfois pas loin de la pastiche, cette inclination eighties lui va bien au teint et elle arrive par son intensité habituelle à faire percer l’émotion sous la lisse enveloppe.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Mildfire - Kids In Traffic

    Pourquoi les genres disparaissent-ils ? Ces symphonies de poche tellement présentes et attachantes ont un peu perdu de leur lustre et c’est un peu dommage. Parmi ces orfèvres, citons The Annuals, Choir of Young Believers, Musée Mécanique, Fanfarlo ou Efterklang parce qu’il est toujours bon de se rappeler de bons souvenirs. Dans cette veine, on avait spécialement apprécié Einar Stray et on ne (...)

  • The Smile - Wall of Eyes

    Même en 2042 et après avoir sorti 13 albums réussis, The Smile restera ’le groupe des deux types de Radiohead’. C’est comme ça, le groupe d’Oxford est trop ancré dans la culture pop pour passer au second plan de quoi que ce soit. Mais cette encombrante et inévitable figure tutélaire ne doit pas oblitérer les qualités indéniables de The Smile. Les deux protagonistes, flanqués du batteur Tom Skinner au (...)

  • Maxwell Farrington & Le Superhomard - Please, Wait...

    On ne peut pas dire que la paire formée par Maxwell Farrington et Le Superhomard (le producteur français Christophe Vaillant) se repose sur les lauriers d’un premier album remarqué. Après un EP il y a deux ans et une tournée intense, voici déjà le second album en peu de temps sur le toujours excellent label Talitres.
    Australien établi à Blinic en Bretagne, Maxwell Farrington propose sa belle voix de (...)

  • Heeka - The Haunted Lemon

    Il faut se méfier des avis trop rapides, des débuts d’albums trompeurs. Ce sur les morceaux initiaux du premier album de l’artiste flamande (née Hanne Hanegraef) installée dans le sud de la France doivent beaucoup aux voix, dédoublées. Quelque part entre Camille et Agnes Obel, ces morceaux intrigants et séduisants à la fois ne représentent cependant qu’une facette d’Heeka.
    Une fois mis en confiance, (...)