vendredi 28 février 2020, par
Peu d’artistes nous avaient donné une impression de nouveauté comme Volin. Il faut dire que si les tentatives de mêler des sons plus aventureux et la chanson française existent, elles manquent parfois de morceaux très forts pour marquer un style. On avait eu le frisson, allait-on le garder ?
La voix est bien en avant, ne joue pas sur des harmonies vocales. En ça ils restent bien français et moins canadiens (Corridor, Malajube), c’est aussi une marque de personnalité. Cet album d’ailleurs commence de façon plus calme. Descendre En Soi ne prend son envol que vers la fin. On ne se précipite pas, on est confiants, on sait qu’il ne faudra pas grand’chose pour faire la différence, qu’il suffira de qualques accords pour rendre Cimes plus intenses. C’est une façon de faire plus proche de Grizzly Bear que de Benjamin Biolay. Mais ce n’est en aucun pas un portage d’un style dans une autre langue
La façon d’utiliser les arpèges pour en faire autre chose que du folk est bien là sur L’Elan. A l’opposé, ils osent être plus torturés dans les textures et les rythmiques (Qui Va Là), tenant leurs promesses de distorsion et de tension. Mais il y a aussi des morceaux qui apaisent la tension plutôt que l’établir comme Avant. Ca marche comme morceau tout seul mais a aussi son utilité dans l’écoute intégrale de l’album.
Des harmonies, on en a aussi sur l’acoustique Entre Deux Rives, tout comme Ma Muse dévie d’une pulsation métronomique avant de partir courir dans les champs (c’est une image). Et le chorus final d’Hier ne se sent même pas obligé de s’électrifier alors que cette électricité est brandie fièrement sur Partir. Pas à dire, ils arrivent à varier les effets, et ceci n’est en rien une redite du brillant premier album.
C’est un album qui se conçoit comme un tout. Il peut sembler étrange de dire que les textes n’appellent que peu de commentaires. Ils semblent si intimement liés aux morceaux qu’on les apprécie sans presque s’en apercevoir.
Mêler des tendances indie américaines avec la langue française est une idée intéressante à la base mais elle ne suffit pas à faire de bons albums. Le second des Montpelliérains de Volin les voit raffiner leur son, développer leur différence et confirmer qu’on a envie et besoin d’eux. Ce n’est en aucun cas une décalque, c’est une des meilleures formations hexagonales qu’on écoute ici. Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais avec deux réussites en autant d’album, Volin est définitivement installé dans son style
Jusqu’où s’arrêtera-t-il ? Practice makes perfect, tel est le dicton dans une langue non pratiquée par Nicolas Jules. Mais force est de constater qu’il le met en application avec un rythme de publication quasi annuel qui voit son œuvre se polir et se distinguer. Il se situe pour cet aspect-là dans le sillage du regretté Murat.
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