vendredi 6 novembre 2020, par
Ce n’est pas la première fois qu’un collectif musical se forme autour d’une cause. S’il s’agit souvent de contributions personnelles comme l’exemple récent du 7 inches for planned parenthood ou de spectacles ponctuels ou récurrents (les funestes Enfoirés), il est plus rare que ce soit un groupe en bonne et de forme qui se crée. Et dans le cas du collectif (10 membres) australien, il ajoute la particularité d’être instrumental. Et c’est de la protection de la Grande Barrière de Corail dont il est question.
Avec un effectif pléthorique pareil, les deux écueils possibles sont un eclectisme compliqué à suivre (lequel peut donner de belles réussites) ou la sensation d’une grosse jam complaisante. Rien de tout ça ici, la variété des provenances des musiciens, du Perth Symphonic Orchestra au metal se combine dans un but commun. Et on ne va pas tourner autour du pot, la référence qui s’impose ici est indéniablement Godspeed You ! Black Emperor. Avouez qu’on n’est pas mal tombés. En plus de l’amplitude et de la force de frappe (on y reviendra), l’engagement du propos est un des points de rapprochement avec la légende canadienne.
Sur False Bodies Part.I, le piano et les cordes ne laissent pas de doute, elles sont une rampe de lancement, certes mélodique en diable. Le virage s’effectue logiquement à la charnière des deux parties et on retrouve des brouillards de fortes guitares sur False Bodies Part.II. C’est d’une puissance dingue même si on se dit que la voix est inutile. Pas à dire, c’est de la musique pour amateurs d’albums qui aiment suivre un cheminement, pour qui le chemin vaut le but. Surtout que contrairement aux Canadiens qui privilégient la lente installation d’irrésistibles climax, il y a ici plus d’action continue, avec un casting qui rend le tout d’une amplitude vraiment réjouissante. Les déflagrations comme Beyond Illusion Pt.II prennent alors une allure apocalyptique marquante.
Parce qu’ils n’hésitent pas à entamer les choses tambour(s) battant(s) sur Beyond Illusion Pt.I (Fuck Adami - compagnie minière controversée). Mais le plaisir vient aussi de l’action conjointe de guitares et de violons sur Time Is a Flower Part.II. Rien ne remplace un casting étendu pour que ces virages serrés prennent tout leur sens. Mais quand on a monté, la descente est belle aussi. Cependant la recherche de la montée ultime n’est pas non plus la seule manière d’opérer. Bleached est ainsi un morceau qui se suffit à lui-même, avec une émotion logée dans ces mélodies lancinantes. Pour sa part, Eden Is Lost conclut dans un bel entrelacs de cordes et pour rendre le tout cohérent et digeste, ils ont inséré des pièces soit légèrement bruitistes (Inharmonicity) ou des voix échoïsées (Certain Energy Future).
Si on a déjà parlé de formations post-rock de là-bas (Sleepmakeswaves, Solkyri, Tangled Thoughts Of Leaving), celle-ci se distingue par son ampleur. Sans doute que le contexte moins chargé en musiques du genre aide à appréhender un album de post-rock mais quand il est servi avec autant de pertinence et de compétence et pour une cause aussi noble, on ne peut que profiter et faire passer.
La musique, ce n’est pas seulement ce qu’on entend, c’est aussi ce que l’on projette. Fort de cet adage un peu ampoulé, on peut admettre que de la musique instrumentale puisse avoir un contenu politique. Et les Canadiens de Godspeed You ! Black Emperor en connaissent un rayon en la matière. Leur huitième album n’est pas tellement un cri de révolte ou un appel à la paix inenvisageable à l’heure (…)
Ce qui est rare est précieux. Et dans un contexte musical où le post-rock se raréfie, les plaisirs que confèrent une formation comme Mono ne sont pas reproductibes par d’autres genres et deviennent d’autant plus précieux. Mais cette rareté ne confère pas pour autant le statut de chef-d’œuvre au moindre album du genre, loin s’en faut même.
Une fois ces généralisations balancées, penchons-nous (…)
Si on avait croisé le chemin de Vincent Dupas quand il officiait en tant que My Name Is Nobody, on était passés à côté de ce projet qu’il partage avec Jean Baptiste Geoffroy et Jérôme Vassereau (ils sont aussi tous membres de Pneu). Le troisième album en onze sera donc l’occasion de faire la découverte.
On sent dès le début de We Grew Apart que le morceau ne restera pas aussi désolé et de (…)
l y a plusieurs expressions qui attirent immédiatement notre attention. Et big band n’en fait pas vraiment partie. Mais il faut reconnaitre que les effectifs pléthoriques sont aussi une belle façon de susciter l’ampleur. C’est précisément ce qui rend Oootoko immédiatement sympathique.
Impossible donc de valablement tenter le jeu des étiquettes. Même le terme générique de ’musique (…)