Accueil > Critiques > 2021

Odd Beholder - Sunny Bay

vendredi 10 septembre 2021, par marc


Même après plus de 2000 articles, il reste des noms qu’on n’oubliera pas, des écoutes qui laissent plus de traces qu’on ne l’aurait initialement pensé. Le premier album de la Zurichoise Daniela Weinman s’inscrivait résolument dans cette veine, ce qui forcément attise l’envie de la retrouver.

Comme sa compatriote Gina Eté, elle a réussi à créer un univers sonore certes pas déconcertant mais diablement cohérent et attirant. On entame nos retrouvailles avec une évocation de souvenirs de jeunesse (Disaster Movies). La voix reste affirmée mais avec ce qu’il faut de fragilité pour créer de l’intimité. C’est jamais impersonnel même quand elle croise dans les eaux froides d’Accept Nature avec ces sons plus gorgés de réverb’. Le chaud et le froid ne donnent pas nécessairement du tiède, on a déjà signalé que la thermodynamique ne s’applique pas nécessairement à la musique et en voici un exemple brillant.

On aime quand ce mélange est réussi, quand il y a l’exigence de l’écriture et quand l’électronique est utilisée pour apporter de la densité. Le son est parfait pour emballer Olive Trees de façon aussi langoureuse ou conférer mine de rien une sérieuse intensité à la fin de Birds. Ca fait mine de s’arrêter, repart avec un peu de distorsion et nous emmène plus haut qu’on ne pensait aller. Ou alors elle peut garder le morceau dans un cocon ouaté (Cupid’s Fool Play). Sunny Bay proche de l’intimité de Marie Modiano, même si on admet que ceci est plus singulier et abouti. Et puis on retrouve aussi cette grâce hiératique à la Bat For Lashes (Silent Spring, Rental), les densifications se faisant sur un mode plus électronique.

Sur une note un peu latérale, on se demande comment Charlotte Gainsbourg peut se faire une place quand on voit ici à quoi ça ressemblerait si c’était bien fait. Mais cette réflexion gratuite mise à part est surtout un appel à répandre la bonne parole d’Odd Beholder dont le second album confirme toutes les qualités et un peu plus encore.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Mildfire - Kids In Traffic

    Pourquoi les genres disparaissent-ils ? Ces symphonies de poche tellement présentes et attachantes ont un peu perdu de leur lustre et c’est un peu dommage. Parmi ces orfèvres, citons The Annuals, Choir of Young Believers, Musée Mécanique, Fanfarlo ou Efterklang parce qu’il est toujours bon de se rappeler de bons souvenirs. Dans cette veine, on avait spécialement apprécié Einar Stray et on ne (...)

  • The Smile - Wall of Eyes

    Même en 2042 et après avoir sorti 13 albums réussis, The Smile restera ’le groupe des deux types de Radiohead’. C’est comme ça, le groupe d’Oxford est trop ancré dans la culture pop pour passer au second plan de quoi que ce soit. Mais cette encombrante et inévitable figure tutélaire ne doit pas oblitérer les qualités indéniables de The Smile. Les deux protagonistes, flanqués du batteur Tom Skinner au (...)

  • Maxwell Farrington & Le Superhomard - Please, Wait...

    On ne peut pas dire que la paire formée par Maxwell Farrington et Le Superhomard (le producteur français Christophe Vaillant) se repose sur les lauriers d’un premier album remarqué. Après un EP il y a deux ans et une tournée intense, voici déjà le second album en peu de temps sur le toujours excellent label Talitres.
    Australien établi à Blinic en Bretagne, Maxwell Farrington propose sa belle voix de (...)

  • Heeka - The Haunted Lemon

    Il faut se méfier des avis trop rapides, des débuts d’albums trompeurs. Ce sur les morceaux initiaux du premier album de l’artiste flamande (née Hanne Hanegraef) installée dans le sud de la France doivent beaucoup aux voix, dédoublées. Quelque part entre Camille et Agnes Obel, ces morceaux intrigants et séduisants à la fois ne représentent cependant qu’une facette d’Heeka.
    Une fois mis en confiance, (...)