vendredi 3 décembre 2021, par
L’évolution est une notion compliquée à adopter pour un artiste. Il faut la découpler de celle du progrès d’ailleurs. Après sept ans d’absence discographique, l’envie est sans doute grande de reprendre les choses où elles en étaient, mais pas tout-à-fait. Ce qui est manifeste aussi, c’est que la formation hennuyère avait des choses à dire puisque cet album a une durée qui devient inhabituelle (75 minutes).
Il y avait déjà eu des voix sur des versions alternatives de leurs titres et on sentait à l’époque que si l’exercice était intéressant et à creuser, les morceaux devaient se concevoir avec cette finalité vocale en tête. C’est exactement ce qui se passe ici. Si le ton est d’emblée brouillardeux, des voix fantomatiques surgissent au loin dès The Brightest Explosion.
Ils entrent dans une autre dimension, plus rêveuse encore mais ce qu’ils ont emporté de leurs origines plus post-rock, c’est un son, compact, solide mais subtil aussi, des progressions d’accord supportées par une rythmique fondante mais bien présente. De la musique à écouter sur le tapis de la chambre, les bras en croix et la mâchoire pendante.
Ces morceaux-là tiendraient-ils la rampe d’une version dépouillée ? On n’en sait rien et on s’en fiche, ils trouvent ici leur forme définitive. Les voix restent volontairement en retrait dans le mix d’ailleurs, elles sortiront peut-être de leurs gonds une autre fois, on verra.
On retrouve évidemment des plages instrumentales qui apparaissent comme une belle façon de varier les climats et tempos. C’est l’autre facette du groupe, celle qu’on connaissait déjà et qui cohabite en douceur avec leurs nouvelles aspirations. Les prises d’intensité sont nombreuses et vraiment prenantes comme sur The Brightest Explosion et une impression d’espace se dégage de The Air Bride, les amenant dans les prairies sauvages de The Besnard Lakes, orfèvres du genre également chers à nos cœurs.
La science du son est donc toujours là. Ils jouent des densités plus que des ruptures rythmiques et le quiet/loud, ancienne façon de faire qui a été abandonnée par plus ou moins toute la scène. Mais il faut plus de talent pour monter le son en neige. La fin de Frozen Sand ou The Brightest Explosion prouvent qu’ils le possèdent. On ne peut qu’apprécier ces suites d’accords mineurs qui évidemment font mouche. On pense à l’infinie mélancolie d’ILIKETRAINS sur In a Blue Cold Cloth et ce rapprochement nous fait plaisir (et occasionnellement nous rappelle qu’on a entendu les deux le même soir). Et puis les références s’estompent et on réalise qu’on passe un grand moment, tout simplement.
Sore Memories Always End réclame un peu d’investissement, sa longueur et sa majesté s’accommodent moins d’une écoute pressée. De plus, il est de ceux qui attendent leur heure, le bon moment et les bonnes circonstances pour pleinement percoler. Dans mon cas, une chute de neige a transcendé l’écoute et ma perception. Comme une énorme plage qui peut sembler uniforme vue de loin mais dont tous les grains de sable et les coquillages confirment la variété.
Sur Bandcamp, il faut bien se choisir une catégorie et le trio proposé ici Shoegaze, Dream-pop, Post-Rock colle vraiment à ce qu’on entend. Le monde de Cecilia::Eyes s’élargit donc pour notre plus grand plaisir vu qu’ils ne doivent abandonner aucune de leurs qualités pour élargir leurs horizons.
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