lundi 23 mai 2022, par
On ne va pas refaire inlassablement le match mais il faut quand même rappeler que la suite des trois premiers albums qui se sont imposés comme des classiques a vu le super-groupe de Montréal produire un album copieux et inégal qui comportait ses fulgurances puis un exercice plus cohérent mais qui restera comme un point noir de leur discographie. Peu de morceaux surnagent d’Everything Now et la très Abba-esque plage titulaire est quand même loin des standards de ce qu’on a aimé chez eux. Ils semblaient alors nager à contre-courant, la vision narquoise n’étant pas leur point fort. Critiquer le système quand on est soi-même une grosse machine est une position compliquée à tenir. Demandez à Muse comment ils s’en sortent.
La formation de Montréal avait donc deux solutions : pousser plus avant encore l’expérimentation pour voir où elle mène, ou revenir aux fondamentaux. C’est évidemment la seconde piste qui est explorée, mais pas entièrement. On ne place pas cet album dans le sillage du monumental The Suburbs. Avouons-le aussi, il n’en a pas la constance ni l’ampleur. Exit aussi Will Buttler aussi, parti après l’enregistrement pour se concentrer sur son excellente carrière solo. On note sur certains clips la présence de Dan Boeckner (Wolf Parade, Operators, Divine Fits et plein d’autres) et c’est plutôt une bonne nouvelle.
Evidemment, le double single The Lightning lancé en éclaireur avait donné le ton, l’indication que le retour en arrière était possible. Certes, ils avaient déjà fait un peu mieux dans le genre mais on retrouvait les raisons de notre attachement indéfectible de 17 ans.
On s’attendrait à ce que les morceaux au nom proche s’enchainent mais ce n’est pas le cas, ils repartent du sol pour Age of Anxiety II (Rabbit Hole). Au contraire, certains morceaux présentent deux visages distincts abruptement enchainés (Age of Anxiety I). C’est une fusée à étages de toute façon, ce que ce séquencement appuie encore et s’ils ne placent plus systématiquement une accélération, l’impression globale n’est jamais l’uniformité.
Plus que jamais, on sent que ces morceaux sont tournés vers la scène, qu’ils n’ont pas tout livré sur disque. On a beau noter la présence à la production de personnalités comme Nigel Goodrich, Owen Pallett ou Father John Misty (même si les rôles ne sont pas clairs), on sent qu’ils en ont encore sous la pédale. On sent qu’ils ont leur place dans une setlist de concert qui s’annonce rien de moins que dantesque. D’ailleurs ils ont avoué avoir comosé et écrit ces morceaux dans une perspective d’interprétation minimaliste. Le contexte sanitaire a imposé ça et on peut le constater sur des versions dépouillées de Sagittarius A* ou WE disponibles en ligne.
On est contents de retrouver les plaisirs de l’ampleur sur End of The Empire I-III. Ce petit air de déjà entendu en leur chef est exactement ce qu’on est venus chercher ici. Le plaisir vient aussi de l’anticipation et on sait que Win va y aller à fond et on n’est pas déçus. On est venus aussi pour cet Unconditional I, pour ces cordes, pour cette fin lancinante de vrai beau morceau.
Oui, Régine a encore le droit de chanter, pour insuffler un peu d’humanité au plus désincarné Unconditional II qui reçoit aussi le renfort d’un certain Peter Gabriel. Ils avaient déjà échangé leurs bons procédés sur le duo Scratch My Back/And I’ll Scratch Yours. Une petite remontée qui tranche sur les morceaux correspondants un peu trop froids de l’album précédent. Mais on parle ici d’un morceau plus anodin, pas d’un haut fait de l’album.
Album hétéroclite mais cohérent, WE est l’album du soulagement, du retour sans doute pas au sommet mais pas loin non plus. Un album d’Arcade Fire meilleur que son prédécesseur ? C’est une première et c’est peut-être l’information la plus pertinente à retenir. Fan, relève la tête, bouge les bras et va répandre la bonne parole.
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