Accueil > Critiques > 2022

Yann Tiersen - 11 5 18 2 5 18

vendredi 17 juin 2022, par marc


Il y a plusieurs carrières dans la carrière de Yann Tiersen, ou à tout le moins des périodes, qui s’entrecroisent, reviennent aussi parfois. On ne va pas refaire le parcours à chaque fois mais si on l’a laissé sur des albums au piano et d’inspiration bretonne, on a aussi beaucoup apprécié son approche du post-rock.

L’origine de cet album remonte à la préparation d’un set pour le festival Berlinois de synthé modulaire Superbooth. Il en a profité pour se plonger dans les pistes de son album récent Kerber de très belle facture. Il avait revu sa discographie sur un mode analogique avec Portrait, voici une plongée dans l’électronique (ça sort d’ailleurs chez Mute). Plus en tant qu’éléments pour rehausser les morceaux, non, c’est la matrice même de cet album. Et ce ne sont vraiment pas des remixes non plus, le retravail est plus profond. C’est la profondeur du traitement qui impressionne aussi, il a su transformer sa matière.

Les sons sont un peu vintage évidemment, très marqués par leur nature modulaire mais on note aussi un emploi parcimonieux de glitch et de beats. Tout ça sans le côté top des revivals à la Stranger Things. 3 8 1 16 20 5 18. 14 9 14 5 20 5 5 14 emprunte carrément à la grammaire minimal. Le piano est là, bien évidemment (16 1 12 5 19 20 9 14 5), et l’équilibre se fait à un point différent du mélange de Plastikman et Chilly Gonzales. Son sens mélodique est toujours au top (1 18. 13 1 14 5 18. 11 15 26 8), avec des beats judicieux, dégageant une euphorie qui sourd aussi de ses morceaux acoustiques.

Les noms sont un peu compliqués, on ne peut pas dire qu’on adore cette coquetterie.

On distingue des éléments de morceaux comme Palestine (sur 16 1 12 5 19 20 9 14 5) qui quitte les eaux post-rock de ses origines pour quelque chose d’aussi prenant mais paradoxalement plus noir, comme si Jean-Michel Jarre (on y pense aussi) embrassait con côté sombre. On retrouve aussi avec plaisir les lignes de chant (réenregistrées par Quinquis) du poignant Mary qui conclut ce bel album. Il est probable qu’à part quelques emprunts à des morceaux connus on n’ait jamais pu identifier que c’est Yann Tiersen qui est derrière cet album. Et c’est sans doute le plus bel hommage qu’on puisse lui faire parce que cet album convainc vraiment.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Romy - Mid-Air

    The XX, c’était un petit miracle d’équilibre. Les exercices solo de ses trois membres le confirment, c’était simplement une conjonction de surdoués. Voici donc le premier album de Romy, chanteuse et guitariste de la formation et on retrouve sa voix impeccablement mise en évidence. On en vient à penser que c’est la voix elle-même qui a les qualités requises
    On a toujours avoué notre attachement à cette (...)

  • Róisín Murphy - Hit Parade

    On a déjà exprimé nos sentiments contradictoires pour cette artiste qui ne l’est pas moins. Elle est aussi comme ça, entre figure qu’on pourrait rencontrer dans un pub et art contemporain. Et sa musique le reflète aussi, avec des tendances disco directes mais toujours tordues.
    Son premier album pour le label Ninja Tune s’annonce avec une pochette assez hénaurme qui donne une idée de la confiance qui (...)

  • The Cry – The Cry

    On le répète souvent parce qu’on est chaque fois surpris de l’omniprésence de la musicienne française Christine Ott. Et sa productivité est aussi surprenante. Ainsi, six mois après le second album de Snowdrops et l’ayant croisé récemment en solo ou avec Theodore Wild Ride, la voici dans un nouveau projet. Ce n’est jamais pareil, seule l’exigence et la qualité sont constantes. Aussi ce mélange de tortueux (...)

  • Fabrizio Modonese Palumbo - ELP

    Peu d’artistes se sont révélés aussi vite omniprésents que l’impeccable Fabrizio Modonese Palumbo. On a plongé dans sa collaboration avec Enrico Degani, découvert qu’on l’avait croisé chez Almagest ! puis réécoutés avec Larsen, en [collaboration avec Xiu Xiu, en tant que ( r ) ou maintenant sous son nom propre. Le tout en moins de deux ans.
    L’album dont il est question aujourd’hui est une collection de (...)