vendredi 14 octobre 2022, par
I’m not scared of change/I’m scared of staying the same
Déclare le groupe sur FAQ et on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec la discographie du quatuor anglais. Leur musique ne change pas vraiment d’un iota depuis quinze ans sans non plus donner l’impression de livrer le même album. A l’instar d’un !!! dont ils pourraient être un avatar placide, ils pointent depuis des années leur basse fièrement en avant.
Sans qu’on sache toujours expliquer pourquoi, il fait de l’effet ce Sweat, sans doute parce que c’est toujours délectable quand ils ajoutent une couche d’électronique (Olympian Heights). Et ça groove légèrement mais de façon indéniable. New Body Language est assez irrésistible. Slight Variations est un titre qui irait bien à la discographie et on ne se plaindra jamais d’un relatif status-quo qui reste aussi qualitatif. Les amis sans surprise ont forcément leur charme.
Le nombre de projets ambitieux qui arrivent à nos oreilles est assez étonnant. Partenaire de l’omniprésent Fabrizio Modonese Palumbo (( r ), Larsen et plein d’autres choses) et membre d’Almagest !, l’américain Paul Beauchamp est aussi ingénieur du son et évolue dans le même milieu que Jochen Arbeit (Einstürzende Neubauten) ou Xiu Xiu. De quoi promettre un voyage sonore. Et on ne sera pas déçus.
Ici on parle d’un morceau de... 47 minutes, de drone, principalement. Quand on utilise le son comme une matière brute à façonner ce sont des évocations plus abstraites qui viennent en tête. Le vrombissement pourrait être celui d’une centrale électrique. D’autres analogies sont possibles, notamment hydraulique. Il y a forcément des soubresauts, brusques, comme un torrent dans le cours du fleuve. Bref, ce quatrième album un voyage sensoriel fait d’évocations, de beauté étrange et d’insondable profondeur.
La présentation de l’album est faite par un ex-membre, et pas n’importe qui, Owen Pallett soi-même. C’est un détail sans doute mais aussi un rappel de la singularité des Canadiens de Picastro. Il s’agit de reprises donc, mais d’artistes qui nous sont inconnus (sauf le Velvet). C’est d’ailleurs sur ce morceau que leur complexité apparaît au plus grand jour, la mélodie limpide permettant sans doute le plus de digressions musicales.
Donc on fera l’économie de la comparaison avec les originaux et ce n’est pas plus mal. Pour certains, la principale attraction est la voix de Liz Hysen mais il faut être clairs, ça peut être la principale réticence aussi, tout le monde se situera clairement d’un côté ou de l’autre de la barrière. Pour moi, Hangman est à la limite du supportable il faut le dire. Mais il faut reconnaitre aussi que ce groupe a une personnalité certaine qui ressort ici aussi.