mercredi 21 décembre 2022, par
On vous voit, ceux qui forcent leur originalité, les as du marketing, ceux qui copient en moins bien. Et Nicolas Jules n’est pas dans votre camp. On lui donnait par boutade rendez-vous à cette année en parlant du très bon Yéti et il a tenu parole. Si on avait tout de suite apprécié les deux albums précédents, celui-ci marque encore plus sa singularité et se présente comme plus qu’une confirmation.
Comme un Tom Waits part d’un substrat identifié (l’americana, en gros) pour imposer sa personnalité, Nicolas Jules prend la tangente avec succès. La voix n’est évidemment pas aussi typée mais parfaitement en adéquation avec cette musique. C’est traditionnel par certains aspects mais aussi très moderne et très personnel. Pris comme un tout, cette forme s’éloigne des canons qu’on avait cru identifier. Avec une pulsation sur Mon Bengale, morceau qui frappe fort et juste.
Et même quand on sort le fiddle le résultat est plutôt unique (Timide, Jardin Secret Jardin Public). On pourrait y voir une version plus terrestre d’Andrew Bird. Il faut donc le confronter à d’autres artistes singuliers, ce qui revient à le considérer lui-même comme seule référence. On notera aussi que les mélodies (Orties, Bicyclette) maintiennent le tout, le rendant accessible et attachant. C’est le contraire d’un album expérimental.
Les textes aussi se font de plus en plus ciselés, se permettant quelques fulgurances, trouvant un équilibre entre évocation et une vraie réalité, avec une certaine ironie jamais cynique (Les Etoiles Dans Le Lac).
Y a des gars qui bossent/A bien aligner les tulipes/Moi je bosse au désordre/Nous formons une belle équipe
Nicolas Jules a tout pour devenir bien plus qu’un trésor caché. Le tour que prend sa discographie nous le rend en tous cas indispensable. Si la tendance se confirme, on attend de pied ferme un excellent cru 2023.
Seule une version physique existe, ça se trouve ici
Jusqu’où s’arrêtera-t-il ? Practice makes perfect, tel est le dicton dans une langue non pratiquée par Nicolas Jules. Mais force est de constater qu’il le met en application avec un rythme de publication quasi annuel qui voit son œuvre se polir et se distinguer. Il se situe pour cet aspect-là dans le sillage du regretté Murat.
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