Accueil > Critiques > 2005

Stuart A. Staples : Lucky Dog Recordings

mercredi 23 août 2006, par marc


Il ne faut pas exagérer, une chanson ne change pas une vie. Mais elle peut faire entrevoir de nouveaux horizons musicaux. Quand il y a dix ans de celà, j’ai entendu A night in, j’ai pris connaissance d’un spleen qui mettait en joie. C’est une expérience assez difficile à décrire, aussi je vous encourage à vous plonger dans le deuxiéme album des Tindersticks (qui n’a pas de titre).

Les Tindersticks ont évolué depuis plusieurs albums vers une soul blanche plutôt classieuse mais moins chargée émotionnelement que leurs premières oeuvres.

C’est donc tout seul que Stuart A. Staples, leur chanteur, a décidé de revenir aux sources. De donner un écrin plus intime et lent à sa voix superbe. Les orchestrations sont d’ailleurs assez proches des Tindersticks (c’est à eux qu’on doit les somptueux arrangements pour cordes des albums récents deJean-Louis Murat) mais en plus simples.
Et même parfois minimalistes, un orgue et quelques cloches sur Marseilles moment, une basse, un petit orgue et quelques discrètes percussions sur Friday night. Voire juste une guitare acoustique en sourdine (Dark days).

Il faut dire que la voix assez singulière de Stuart Staples (dont le totem scout devait être cocker dépressif) remplit bien à elle toute seule. Mais parfois, l’ambiance est plus touffue avec des cuivres branques (Say something now, People fall down). Une belle palette d’ambiances donc même si je n’aime décidément pas les choeurs (Sommerset house) mais bon, ici ça apporte quelque chose vu qu’il n’y a que ça comme voix. Faire un morceau dont les paroles sont dod-doo-doo, il fallait oser.

Leonard Cohen n’ayant plus réussi des chansons depuis des décenies par la faute d’orchestrations d’un goût plus que pénible, l’alternative peut venir d’Angleterre avec cet album attachant au delà du raisonnable.

Pour ceux que les ambiances spleenesques attirent, voici un must absolu. Qui plongera les amateurs de musique énergique dans un abîme de perplexité. On ne sait comment les carrières parallèles de Stuart Staples et des Tindersticks vont se goupiller, mais ce qui est certain, c’est que cette récréation est indispensable à nos oreilles. (M.)

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Tindersticks – Soft Tissue

    Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
    Cet album ne (…)

  • Nick Cave and The Bad Seeds – Wild God

    La nature a horreur du vide, l’industrie musicale encore plus. C’est donc une volonté de la maison de disques de propulser le crooner crépusculaire australien au sommet, déserté par des gens comme Leonard Cohen ou David Bowie pour d’évidentes raisons de décès. Et il semble que ça marche, cette sortie est précédée d’un abondant tam-tam. Pour le reste, c’est aussi la connivence qui va jouer. (…)

  • Michele Ducci - Sive

    Un piano, une voix, voilà ce qui constitue le gros de ce premier album de l’Italien Michele Ducci. Mais il ne fait pas s’y tromper, celui qui était la moitié du groupe electro-pop M+A offre sur cette base un bel album d’une richesse réelle. Et surtout, on capte au passage quelques fort beaux morceaux.
    Notre préférence va sans doute à la simplicité de River qui frappe juste, ou alors au sol (…)

  • Beth Gibbons - Lives Outgrown

    Si après 15 années de Beak> et 5 albums, Geoff Barrow est toujours considéré comme ’le mec de Portishead’, que dire de Beth Gibbons qui s’est effacée de la vie publique depuis tant d’années ? Cette sortie a donc autant surpris qu’enchanté.
    Fort heureusement, musicalement, ce Lives Outgrown ne tente pas de souffler sur les braises du trip-hop. Et c’est intentionnel. Le résultat est donc moins (…)