lundi 8 mai 2023, par
Hasard des rencontres virtuelles, les artistes péninsulaires sont très représentés en nos colonnes. Francesco Gennari nous présente un son électronique plutôt à l’ancienne, il avoue utiliser ces synthétiseurs analogiques comme voie d’exploration plutôt que son instrument de prédilection, le piano. Ce n’est aucunement du clavier avec des sons vintage, ce sont de véritables morceaux electro, conçus et charpentés comme tels, avec des pistes comme matière première pour un résultat qui jamais ne rebute et peut se faire lancinant, avec un emploi modéré mais pertinent de la distorsion (Pressa)
Pas de visée dancefloor donc, mais avec une pulsation qui se passe de beats. Et il arrive sur Ardere à faire monter ce son et ce morceau est ce qui frappe le plus ici. C’est en-dessous et devrait plaire. Comme le veut l’époque, cet EP sort sur cassette, étrange idée pour un garçon né en 1995...
Même si elle compte toujours des personnalités comme Neko Case ou Katryn Calder en son sein, The New Pornographers est depuis un petit temps le projet d’AC Newman, l’absence de Dan Bejar (Destroyer) depuis Bill Bruisers renforçant encore cette impression. Cela dit, après 23 ans d’existence et neuf albums, la formation ne change pas fondamentalement de cap.
On retrouve toujours ces accords de voix et puis ce n’est jamais vraiment vaporeux, c’est un groupe pop, un vrai, et Neko Case ne sera jamais éthérée, ce que confirme Cat and Mouse With The Light où elle injecte un punch que le morceau ne laissait pas soupçonner. Ils jouent sur la tension, établie et relâchée (Last and Beautiful) plus que de riffs accrocheurs. On pense aussi aux circonvolutions d’un autre collectif canadien, Broken Social Scene. La seule vraie nouveauté est ce saxophone qui apporte des textures nouvelles, surtout sur la plus lente et entêtante plage titulaire. Pour le reste, cet album toujours juteux nous permet de garder ce groupe près de nous.
Oui, il faut parfois explorer des pistes musicales inhabituelles et ce trio français nous apporte ce genre de dépaysement. Incandescente, leur musique est un rock anguleux et sous tension. Le chant apporte une contribution notable à l’ensemble. On peut y détecter des traces de Siouxie parce que le timbre y fait un peu penser mais bon, comme ça s’énerve notablement plus que chez la vétérane cold-wave, cette comparaison ne tient pas souvent. On pense plus à la nervosité d’un Be Your Own Pet (non, on n’a pas de référence plus récente)
Surtout que ça éructe carrément sur le court Unusual Mabel qui nous sort de notre zone de confort comme on dit pudiquement. Le texte de présentation mentionne une escalade de Mordor en Crocs et c’est un peu ça. Mais ils arrivent à rendre le tout à la fois planant et tendu sur Claps on Waves, un exploit. On préfère donc quand ils calment le jeu parce que la tension est toujours là. Bref, le ’à vous de voir’ est plus que jamais de rigueur. Ce n’est pas parce que ce n’est pas notre truc que ça ne sera pas le vôtre.