mercredi 24 mai 2023, par
Difficile de revenir après plusieurs années d’absence, surtout si on était associé à un courant qui s’est un peu éteint. C’est en effet dans la vague freak-folk, mêlant écriture et musique aérienne et organique à la fois qu’on avait placé DM Stith. Avec son pote Sufjan Stevens ou autres Grizzly Bear, il était même un des plus éminents représentants de ce style qui nous a valu bien du plaisir.
Toujours aussi léger et aérien, mais un poil plus classique, l’évolution de DM Stith lui permet de ne pas sonner comme un album sorti en 2010 tout en préservant ses charmes. Doomed ! nous rappelle qu’il nous avait enjoint à danser comme si on était en feu. Il maitrise cette répétition des paroles, ces dédoublements comme sur In The Glare ou alors des chœurs en suspension. C’est un vrai morceau pop, limpide mais au traitement qui le rend spécial. On ne sait toujours pas comment il fait, pour être si unique alors que rien pris séparément ne semble étrange.
Plaisir d’un autre temps ? Non, pas vraiment. La nostalgie peut venir de la présence de la toujours précieuse Shara Nova (My Brightest Diamond). Le temps est d’ailleurs une préoccupation soulevée par cet album dont la pochette est probablement une photo de Proust.
Time is not an arrow/Time is a grenade/And you’re holding it the wrong way
Unique mais pas sans liens ou évocations, on sent un ton élégiaque à la Radiohead sur Fidget Spinner. Ces morceaux coulent de source, tous et l’effet est cotonneux et chaleureux à souhait. Plus organique que des choses comme Panda Bear, le cachet est donc plus intemporel. Cette beauté se moque des modes musicales, c’est un des enseignements de cet album de DM Stith. En continuant à pratiquer son style qui ne s’inscrit plus dans son époque, il garde pourtant toute sa pertinence et sa singularité.
Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
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On a fatalement un panthéon de groupes indés attachants. Et tout en haut figure cette formation du Minnesota. On pourrait aussi citer The Rural Alberta Advantage ou Port O’Brien au sein de cet aéropage héritier d’une époque où l’engagement total était un style en soi. Le résultat est un charme fou lié à cette intensité réelle.
Hors mode donc mais leur inclination pro-climat, leur volonté de (…)
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Ça fait belle lurette que le style de John Grant a évolué, et on ne cherche plus depuis longtemps des traces de son fantastique Queen of Denmark. Mais on sait aussi que ce qu’on a aimé à l’époque se trouve toujours sous une forme différente. On le découvre au détour du son profond de Marbles par exemple.
Triturer sa voix est un choix étrange quand on sait à quel point c’est un de ses atouts (…)