Califone – Villagers

Le nom de Califone est là depuis longtemps (25 ans tout de même) sans qu’on n’ait vraiment pris le temps d’approfondir son sujet. C’est maintenant chose faite et on ne regrette pas le déplacement. Parce que le groupe de Tim Rutili dégage cette bonne odeur d’indie comme on l’a toujours défendu ici.

Avec une touche folktronica. Comme The Notwist alors ? Non, pas vraiment. Beck alors ? Oui, c’est déjà plus ça, on y retrouve cette mélancolie (tenace sur Halloween) négligemment planquée. C’est aussi dans les moments faussement déstructurés de Mcmansions qu’il déploie tout son savoir-faire. Avoir l’air nonchalant sans jamais l’être est un art. Il peut aussi bâtir un morceau plus lent sur des bribes de drone sur Eyelash mais c’est quand il mêle plus de densité et d’électricité sur Ox-Eye qu’on aime le plus. Bref, un compagnon de longue date immédiat.

Film 2 – Sorge*

Avant de prendre connaissance des intentions d’un projet, avant de connaitre les biographies des protagonistes, avant d’en entendre la moindre note, il y a des signes qui classent déjà une œuvre comme la durée de 40 minutes. Mais l’originalité du trio suisse va plus loin que ça, cet album au morceau unique existe en trois versions enregistrées dans des contextes différents et en commandant le LP, vous en aurez une des trois, aléatoirement, tout comme la pochette.

Mais exigeant ne veut pas dire difficile non plus. Ce qu’ils revendiquent comme du kraut sombre se situe dans la lignée des longues plages de Wyatt E. La longueur participe de l’effet hypnotique aussi et il y a bien entendu des variations avant un virage drone et puis une batterie qui reprend les choses en main pour une phase finale qui vaut son pesant d’euphorie. Ludique mais sérieux dans la démarche, partiellement accessible dans son résultat, cette triple livraison d’un trio est décidément intrigante.

(Choisissez-en une)

https://film2.bandcamp.com/album/sorge
https://film2.bandcamp.com/album/sorge-2
https://film2.bandcamp.com/album/sorge-3

Laura Perrudin – Live featuring The Ghost Orchestra

Si on avait partagé notre enthousiasme pour l’album de la harpiste Laura Perrudin, on n’a jamais eu l’occasion de la voir en concert. A l’instar d’artistes comme Owen Pallett ou Serafina Steer (autre harpiste), c’est seule qu’elle officie sur scène et cet album enregistré pour la réouverture de l’Antipode de Rennes en est un témoignage.

Il faut toujours faire une différence entre le processus et le résultat. Outre l’indéniable performance technique et artistique, c’est la pertinence musicale qui décide. On n’écoutera pas souvent un œuvre dont on n’apprécie que l’effort. Disons-le d’emblée, ce n’est pas le cas ici puisqu’on retrouve toutes les qualités discernées sur album. Les lignes mélodiques sont filandreuses à souhait mais sont très bien exécutées, et ce n’est vraiment pas anodin en l’espèce. La voix elle-même est une source de pistes sonores (Inks dont les structures sonores rappellent Portishead) et cette expérience pour le moins immersive est une belle occasion de se frotter à ce talent singulier.

Article Ecrit par marc