jeudi 26 octobre 2023, par
Chez Sufjan Stevens, il y a les choses qu’on admire et celles qu’on adore et ce ne sont pas nécessairement les mêmes. Et si chez les fans de la première heure le meilleur était au début, c’est sans doute son fantastique Carrie and Lowell qui a été le plus acclamé et est considéré comme la ‘base’ de son style. Parce que Sufjan, c’est bien plus large que ça, entre albums hénaurmes et risqués, ambient pas toujours passionnant et musique pour chorégraphies, son espace d’expression est plutôt large.
Il revient cependant à une forme plus traditionnelle, prouvant qu’il reste un des grands singer-songwriters de l’époque. Avec l’annonce de sa maladie de Guillain–Barré, il dédie cet album à la mémoire de son boyfriend décédé en avril de cette année. Pas à dire, le contexte n’est pas le plus riant qui soit.
Mais la beauté n’en apparait que plus flagrante. Et elle nous cueille dès Goodbye Evergreen, morceau qui prend immédiatement la tangente et monte plus haut qu’on ne l’aurait imaginé. C’est la magie de Sufjan Stevens, cette propension à transcender cette délicatesse que tant d’autres arrivent à atteindre (Angelo De Augustine , Novo Amor...) mais que peu peuvent dépasser. Sans doute forgée au long d’albums plus aventureux, sa capacité à sortir des clous d’une écriture folk classique se manifeste en plein d’endroits. Sur les chœurs en apesanteur d’A Running Start par exemple mais aussi tout au long de morceaux plus étranges et vaporeux comme Everything That Rises. Si ce dernier maintient fièrement le cap, ce n’est sans doute pas ce qu’on retiendra en priorité de ce Javelin.
Ce qui restera par contre, c’est la beauté qui frappe presque partout et tout le temps. Entre la douceur de Will Anybody Ever Love Me ? et la longue fin de Shitty Talk (qui ressemble fort à une fin d’album) en passant par la majesté intime de My Red Little Fox. Moins frontalement ‘classique’ dans sa facture qu’un Carrie Et Lowell, cet album devrait réjouir tout fan du maître de Chicago et d’une manière générale tout qui considère la beauté comme une vertu cardinale. Son style copié mais jamais complétement égalé y éclate en tous cas au grand jour.
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