mercredi 14 août 2024, par
Prendre son temps pour écrire une critique de Loma, ça tombe sous le sens tant la richesse ce troisième album nécessite un certain approfondissement. Même si on fréquente musicalement Jonathan Meiburg depuis 20 ans, découvrir un album de Shearwater ou Loma n’est jamais anodin et il faut un temps pour que toutes ses subtilités se dévoilent. Il en a été de même ici. Petit rappel des faits, Loma est un trio également formé de Dan Duszynski et Emily Cross (qui formaient Cross Records) qui nous a gratifié de deux excellents albums avant de prendre un peu de distance.
Laquelle a pu être physique, Emily Cross (citoyenne britannique) a déménagé dans le Dorset et agit en tant que thanadoula, Jonathan Meiburg se retrouve à Hambourg pour effectuer des recherches pour son second livre alors que Dan Duszynski est resté dans son studio texan. Après quelques tentatives de retrouvailles musicales, ils se sont rejoints dans le Dorset, utilisant même une église du XIIème siècle ou un cercueil comme chambre d’écho. Des détails peut-être mais ce sont ces détails-là qui enrichissent un album discret mais d’une richesse folle.
Comme le dernier album de Shearwater, tous les albums de Loma font la part belle à la structure des sons, à un tel point qu’on se dit que ce sont deux versions d’un même projet. La voix est très différente bien évidemment. Tant qu’on en est dans le jeu de sept erreurs, Loma est souvent moins lyrique et joue moins des ruptures. On entend tout de suite ce que la voix de Meiburg ferait sur Broken Doorbell, morceau sans doute le plus épique de cet album. Le chant d’Emily Cross est discret, certes, mais imprégné d’une humanité indéniable et tient le choc d’une orchestration elle aussi chargée en émotion retenue. Making our hearts chafe est parti pour nous hanter longtemps on le suppose.
La subtilité est une arme à double tranchant cependant, et il faut peut-être un peu de temps pour que tout percole. Il faut aussi souligner le remarquable enregistrement pour cette musique à écouter de préférence au casque. Il existe des versions Dolby Atmos et elles sont évidemment à découvrir.
Cependant, les sont peuvent être plus distordus, intranquilles, ou se faire plus chaloupés (Pink Sky). How It Starts qui était un single logique a d’indéniables qualités lancinantes, de pression qui s’établit et se relâche. On adore aussi la paradoxale euphorie d’A Steady Mind, amenée notamment par une batterie aux aguets. Ce sont les meilleurs moments, quand les qualités d’atmosphères sont poussées par des morceaux plus limpides. Il faut attendre ces quelques morceaux plus saignants pour que tout se mette en place, la mélancolie comme l’euphorie, la simplicité et la sophistication.
Mais quand les émotions ne sont pas aussi fortes, la gratification est là quand même, au détour de la simplicité aussi d’Affinity, du faux malaise d’Arrhythmia en morceau intranquille aussi. Même Unbraiding ou I Swallowed a Stone peuvent compter sur ces qualités d’ambiances. Turnaround est un morceau plus acoustique mais d’une finesse d’écriture et d’interprétation qu’il n’est pas un morceau folk standard.
Album d’une qualité indéniable, d’une profondeur qui se dévoile progressivement, How Will I Live Without a Body est un album à contre-courant, parce que l’attention de l’auditeur est requise. Agréable à survoler, la musique de Loma devient passionnante quand on a décidé de s’y consacrer.
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