Accueil > Critiques > 2025

Okkervil River, The Antlers - Band Together (Live)

lundi 14 juillet 2025, par marc


Okkervil River et The Antlers, c’est une certaine idée de l’indé sensible américain. Une tournée commune était une proposition alléchante qui malheureusement n’est pas passé par notre riant royaume. La double tournée solo de Will Sheff et Peter Silberman s’est donc muée en tournée commune avec un vrai groupe.

Les expériences des concerts des deux formations étaient assez différentes (on en parlait ici ou ici), sauf dans l’enchantement général produit. Voici donc une sélection que les petits veinards ont pu entendre. Ils se relaient au chant sur leurs propres morceaux. certes, mais les relectures sont intéressantes. Et on se dit au passage que Blue Tulip aurait pu être un morceau de The Antlers. Comme toujours chez les groupes indés américains, ce sont des musiciens épatants, c’est une condition préliminaire. Et ça leur permet d’aborder leur propre discographie par la tangente. Surtout du côté d’Okkervil River qui ralentit Unless It Kickssans l’appauvrir ou ne recule pas devant l’emblématique Lost Coastlines. Les morceaux de The Antlers restent impeccables, avec plus de ’grain’ que ce qu’on a entendu sur le plus soyeux dernier album.

Force est de constater que si sur place, l’intensité de Will Sheff est toujours impressionnante, la justesse de son chant n’est pas son point fort. On va dire qu’il a une façon intéressante de chanter faux, que c’est un dommage collatéral. Et puis, il se passe quelque chose chez ces chanteurs qui semblent jouer leur vie avec leur micro. Jarvis Cocker serait de la même catégorie, quoique plus sporadiquement. Le contraste avec le timbre céleste et haut perché de Silberman est assez marqué. On aime les deux, en fait.

Un peu étrange dans le concept, cet album live est un authentique plaisir d’écoute. S’il n’est pas inoubliable, il rappelle pourquoi on est tellement attachés à ces artistes et depuis tellement longtemps.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Tu relèves déjà tout ce que j’en aurais dit (comment ’Blue Tulip’ pourrait être du Antlers, les faussetés rédhibitoires mais pas trop). Ça reste un curieux projet, tout aussi WTF que l’association Lady Gaga / Tony Bennett, celle de Lou Reed et Metallica ou encore David Byrne / St. Vincent. On perçoit bien les affinités, mais c’est quand même incongru.

    Ce qui m’a peut-être davantage dérangé ici est la qualité de la prise de son, que je trouve un peu trop "bootleg" (pour ne pas dire que le mixage m’a l’air paresseux), et la setlist un peu soporifique pendant la première moitié (après, il y a un titre de "Hospice" et le super duo final et forcément, c’est plus la même limonade). Le récent live de Besnard Lakes que tu nous as présenté m’avait fait passer un bien meilleur moment sur la longueur.

    repondre message

    • A priori, cette alliance un peu étrange n’est pas aussi contre-nature que les exemples que tu cites (Et Stromae/Pomme, on en parle ?). Les audiences ne doivent pas être bien différentes, je suis au centre du diagramme de Venn pour le coup.

      C’est vrai que ce live vaut moins pour lui-même que pour témoigner d’une tournée que j’aurais bien aimé croiser. Mais ils ne sont pas passés par chez nous je pense. On ne le réécoutera pas trop souvent sans doute, on va guetter bandsintown plutôt.

      repondre message

  • The National - Rome

    On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des (…)

  • Angrusori - Live at Tou

    Quelle est la chance d’un cocktail dont vous n’êtes pas fans des ingrédients vous plaise ? Elle n’est pas énorme peut-être mais elle n’est pas mince non plus, et c’est dans cet interstice que s’est glissé cet album d’Angrusori. Il se propose en effet de partir d’un corpus de musique traditionnelle rom slovaque revu par le filtre d’un ensemble contemporain norvégien.
    Si cette association (…)

  • Shearwater - Rook (mostly) solo in London, 2018

    On ne peut pas vraiment dire que Jonathan Meiburg soit quelqu’un de vénal. Il a même dû faire appel à l’équipe pour boucler la tournée des excellents Loma. Donc, s’il multiplie les sorties, ce n’est pas pour occuper le terrain. De plus, les bénéfices des ventes (en numérique et sur Bandcamp exclusivement) iront à l’International Rescue Committee qui soutient et défend les réfugiés partout dans (…)

  • The National - Boxer Live In Brussels

    Quand une critique tarde, ce n’est pas trop grave, l’album a une certaine durée de vie et la disparition presque complète de ce qu’on a appelé la blogosphère musicale rend encore moins impérieux le besoin de publier vite. Si on essaie de se conformer tant bien que mal au calendrier des sorties, on n’y colle pas au jour près. Par contre, une fois passé le lendemain d’un concert, on estime que (…)

  • Bright Eyes - Kid’s Table EP

    On a toujours apprécié les EP complémentaires, en tous cas bien plus que les rééditions augmentées sensées nous faire passer deux fois à la caisse avec du matériel connu. Les 29 minutes de ce Kid’s Table se profilent donc comme le prolongement idéal du Five Dice, All Threes de l’an passé.
    Assez logiquement, il pratique la même veine riche et ample qui nous avait plus. A cet égard, la plage (…)

  • Other Lives – V

    Dans les réunions de parents, j’imagine qu’il doit être déroutant d’être face aux géniteurs des très bons élèves. Si ça ne doit jamais être tendu, il faut sans doute être créatif. L’excellence appelle finalement peu de commentaires. C’est une situation similaire pour le critique aux prises avec le très bon cinquième album du groupe de Stillwater, Oklahoma.
    A l’instar de Grizzly Bear, c’est (…)

  • Caleb Nichols – Stone Age is Back

    De la part de Caleb Nichols solo (sans Soft People ou Port O’Brien donc), on a connu ses délires divers et variés, extrapolation de l’univers des Beatles ou auto-biographie fantasmée. Ces albums comportaient leur content de fulgurances pop mais elles n’en étaient qu’une des composantes d’un concept plus vaste. Le propos est ici à la fois plus large (ce n’est pas un album conceptuel) et plus (…)

  • Swans – Birthing

    On ne s’attaque pas à un album de Swans à la légère, on le sait. D’ailleurs, leur album précédent qui semblait plus accueillant de prime abord le rendait aussi moins intéressant.Ils semblent avoir changé d’avis et reviennent donc à une ampleur impressionnante, estimant sans doute qu’un goût de trop est préférable à un goût de trop peu.
    Aucune chance de ‘trop peu’ avec le format d’abord, 7 (…)