Accueil > Critiques > 2006

Charlotte Gainsbourg : 5.55

lundi 11 septembre 2006, par marc

Fifille a convoqué une dream-team


On voit enfin la fin de la vague, mais on a beaucoup vu Charlotte Gainsbourg. Charlotte en couverture des Inrocks, Charlotte plusieurs fois en podcast, Charlotte qui parle de son papa mais n’aime pas trop ça, etc… Charlotte est une Actrice fashionable, alors autant en profiter. En profiter pour recruter du beau monde (on en reparlera) et pour promouvoir cet album comme il se doit.

Aussi surprenant que ça puisse paraître, il s’agit du premier véritable album de la fille de Serge et Jane. On aurait pu la revoir en victime du goût morbide de son père pour les chanteuses au talent approximatif (Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, Jane Birkin) culminant sur un Inceste de Citron de sinistre mémoire. Qu’on se rassure, Charlotte ne chante pas mal. Et sa voix colle bien avec les morceaux présentés ici. On pourra juste regretter un manque certain de personnalité, comme les anonymes vocalistes des albums electro lents. Si on pense à une sortie récente comme El Perro Del Mar ou autres Feist ou Kelly de Martino, ceci peut manquer de la plus élémentaire originalité. Son talent d’actrice permet cependant à un morceau comme Everything I Cannot see d’exister malgré tout.

Le statut de fille de a permis de ressembler une dream-team que la première actrice venue n’aurait pas pu obtenir sans doute. En prenant des textes de Jarvis Cocker (Pulp), en confiant les compositions à Air et la production au génial Nigel Goodrich (les derniers Radiohead, Air donc, Beck…), le risque d’un album vraiment raté était faible.

On reconnaît tout de suite la patte de Air. Mais comme il y a les compositions d’autres talents (Jarvis Cocker,...), ils s’occupent en priorité de l’habillage. Franchement, c’est leur meilleur rôle. Même si je ne suis pas un inconditionnel, il faut bien avouer qu’ils sont à la limite du sans-faute, ne tombant jamais en léthargie (et même donnant du rythme par la basse sur The Operation) et privilégiant les ambiances au joli. On pense aussi qu’inconsciemment ils ont pensé de temps en temps à Serge Gainsbourg (certaines sections rythmiques slow kitsch sur Everything I Cannot See) et à son arrangeur Pierre Vannier (l’intro du fort bon The Songs That We sing).

Cet album apparaît donc partiellement comme un album de Air. A ce titre, il est un de leurs meilleurs, juste après l’inusable BO de Virgin Suicides. Mais leur présence aux côtés d’une autre chanteuse élargit leur horizon. Si leur patte est reconnaissable, elle les amène vers des horizons plus fouillés. Dans certains moments, on pourrait appeler ça la version french bobo de Massive Attack (Jamais) ou encore de leur comparse Craig Armstrong (le piano de Everything I Cannot See). Le chant en français convient d’ailleurs moins à cet exercice, c’est pourquoi Tel Que Tu Es apparaît comme plus anodin. (M.)

Finalement, Charlotte Gainsbourg a sorti le bon album qu’on attendait d’elle et de ses collaborateurs : un ensemble de morceaux cotonneux, classieux, au charme certain mais manquant certainement de piquant. Si vous voulez un album pour prendre le thé dans un ennui poli et de bon aloi, ça devrait vous convenir. (M.)

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

4 Messages

  • Charlotte Gainsbourg : 5.55 12 septembre 2006 10:36, par Paulo

    Pourquoi premier véritable album ?
    En 1986, nous avons "Charlotte Forever" avec, si on n’aime pas inceste de citron, des titres comme "elastique" ou "charlotte forever, petit papa reveur..."

    Paulo

    Voir en ligne : http://www.gainsbourg.net/index.php...

    repondre message

    • Charlotte Gainsbourg : 5.55 12 septembre 2006 14:16, par Marc

      Aaah, "Elastique", madelaine de Prosut en Caoutchouc. On va dire que j’ai fait un blocage inconscient en niant me souvenir de ça. Mais faisons tous un effort et faisons semblant que personne n’a pensé à enregistrer ça. Tout ceci n’enlève rien à mon imprécision mais bon, Serge après "L’Homme A La Tête De Chou", hein, entre nous... Mais ceci est un autre débat

      repondre message

  • Charlotte Gainsbourg : 5.55 20 octobre 2006 16:33, par Mua

    « et à son arrangeur Pierre Vannier (l’intro du fort bon The Songs That We sing). »

    L’intro du (seul) fort bon...

    Ayant entendu cette chanson par hasard, je me suis précipité sur emu...chez Virgin :p pour écouter tout cela.
    Navrant.
    Je dirais meme plus : Ennuyeux.

    A force de vouloir faire de la "French Songs"...on fait rien d’autres :)

    Mais ca s’écoute autour d’une bonne tasse de thé, ca, c’est un fait.

    Grand-mère, grand-père, à votre portefeuille, le bridge avec Gainsbourg, c’est pour demain !

    repondre message

    • Charlotte Gainsbourg : 5.55 24 novembre 2006 09:46, par Paulo

      petit comment pour décrire l’expérience à moyen terme... d’autres morceaux se révèlent à force de répétition grâce à de petits détails tels que de discrètes mélodies de piano tout à fait charmantes, des ambiances psyché...

      Non non ca le fait bien ! Mais ca marche aussi avec du thé... ;o)

      repondre message

  • Fabien Martin - Je ne fais que marcher dans la montagne

    Non, sincèrement, il en reste encore beaucoup des chanteurs français à découvrir ? Entre Max Darmon, Acquin ou Prattseul, cette année a été riche en rencontres. On ne va pas s’en plaindre, c’est certain, parce que la connivence s’est établie assez vite.
    Evidemment, on a pensé tout de suite à Florent Marchet pour cette propension à mêler morceaux avec récitatifs et ’vraies’ chansons. Disons-le aussi, on (...)

  • Muet – Le Pic De Tout

    Après un EP qu’on avait déjà beaucoup apprécié, le duo Muet propose un album qui ne surprendra pas ceux qui s’étaient déjà frottés à l’univers de Colin Vincent et Maxime Rouayroux, surtout que quelques morceaux de l’EP se retrouvent aussi ici.
    On pense toujours à Thom Yorke au niveau du résultat mais aussi de la démarche, du projet parallèle pour explorer des pistes plus abstraites en marge d’un groupe plus (...)

  • Simplement Sheller

    En haut de la liste des critiques fastidieuses, il y a les compilations d’hommages. Disparates dans leurs intervenants et hétérogènes dans les résultats, ils sont aussi sympathiques à picorer que compliqué à résumer. Sur le papier pourtant, il y a beaucoup de raisons de se coltiner celui-ci. Come des participants chers à nos cœurs et un répertoire pas trop usé qui a ses perles qui ont souvent eu le (...)

  • Glauque – Les Gens Passent Le Temps Reste

    Pendant plusieurs années, on a pris l’habitude de croiser des morceaux de Glauque, à un tel point qu’on était persuadés que ce premier album n’en était pas un. Mais entre recevoir un morceau percutant de temps en temps et enchainer autant d’upercuts d’un coup, il y a tout de même une fameuse marge.
    Evidemment, le champ lexical de la boxe n’est pas facile à éviter ici. ‘Album coup-de-poing’ est un (...)