mercredi 9 mai 2007, par
Le sommet, j’y suis j’y reste
Préservons Fred, ne lui laissons pas systématiquement les deuxièmes albums de groupes anglais. C’est aussi pour me changer les idées que je me replonge dans ce second album des Singes Arctiques. Et puis pourquoi je serais privé de rock à guitares, je vous le demande ?
Il y a cette tradition anglaise d’incorporer des groupes qui seraient marginaux ailleurs dans les charts puisqu’ils font des grosses ventes. Ce qui élimine du champ de vision les groupes les plus originaux. Donc c’est le triomphe du semi-indie, le no man’s land des Razorlight, Kasabian et autres Muse. De temps en temps, un vrai talent s’en dégage et combine succès commercial et critique à l’étranger. Les Arctic Monkeys, comme Bloc Party ou Franz Ferdinand avant eux font parie de ces exceptions contrebalancées par des pelles de The View ou Fratellis. C’est un peu comme ça que fonctionne leur exception culturelle. Ils ont aussi une presse musicale hebdomadaire à remplir, donc les hypes se succèdent à un rythme effréné, avec un inévitable taux de déchet. Quand on s’est fait prendre une fois ou l’autre au piège de The Next Big Thing, on est forcément circonspect.
Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not, le premier album des Arctic Monkeys, a effectué l’an passé une razzia rarement vue. Des critiques élogieuses, l’album le plus vite vendu de l’histoire du disque anglais, une exportation réussie. Le tout soutenu par une presse mainstream qui ne voulait pas rater le coche d’un groupe lancé par des réseaux nouveaux (en gros, Internet, même si on ne vous la fait pas). Et c’est vrai qu’on avait aussi bien aimé cette galette. Et que les concerts montraient clairement qu’ils savaient jouer.
Ils auraient pu souffler, thésauriser, personne ne s’en serait étonné. Ils ont très bien fait de n’en rien faire. Tout d’abord parce qu’ils n’ont pas eu le temps de passer hors du radar, d’être remplacé par d’autres. Ensuite, les chansons sont là, pas la peine d’attendre pour les sortir. Et puis une musique comme la leur s’accommode mieux de l’urgence. On a bien vu avec Bloc Party que vouloir attendre un peu pour s’étoffer fait courir le risque de s’attaquer avec la peur au ventre à un challenge trop ambitieux. Un premier album, on le remplit jusqu’à ras bord d’une sélection de titres des nombreux EP’s parus. C’est pour ça qu’on a vu venir Arctic Monkeys de loin, comme Bloc Party avant eux. Mais pour un second, il faut partir de rien, avec une pression commerciale et artistique en plus. Mais malgré leur jeune âge (20-21 ans) et les deux années de folie qu’ils viennent de passer, ils ont de l’énergie, de l’ambition et du talent.
Ils nous prennent à froid, pied au plancher, avec un Brianstorm plein de fureur et de bonnes intentions. Faire dans le rentre-dedans est une option assez logique quand on veut montrer qu’on existe encore. Ils ont encore simplifié leurs recettes pour plus d’effet. Impossible de résister à l’impeccable accélération de Do Me A Favour. Par contre, on sent aussi parfois le procédé et trop de violence pour redresser un morceau peut se révéler contre-productif (If You Were There, Beware). Comme le premier, l’album connait un coup de mou vers le milieu. Mais cette impression, due à l’uniformité lors des trois-quatre premières écoutes, disparaît peu à peu. C’est que ce Favourite Worst Nightmare prend plus de temps pour séduire que le très immédiat Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not. Mais une fois la connivence établie, je dois dire que je l’ai écouté encore plus souvent que son prédécesseur. Ce n’est donc pas une bulle de savon dont on se lasse facilement.
Ceux qui ne feront pas l’investissement de cet album entendront au moins Brianstorm mais aussi Flourescent Adolescent (le sautillant gentiment débraillé, comme du Libertines concentré, idéal à l’approche de l’été) ou Old Yellow Bricks (une des chansons les plus enthousiasmantes) qui se présentent comme les plus immédiats. Ce dernier est d’ailleurs assez bombastique, roublard dans sa simplicité, il est sautillant comme tout et devrait cartonner en concert. Semelles molles s’abstenir.
Finalement, avec Franz Ferdinand qui touche à une écriture plus pop classique et Maxïmo Park qui a choisi la puissance, c’est une des rares confirmations d’Albion. Ils se débarrassent d’ailleurs peu à peu de leurs modèles écossais et d’autres Libertines. C’est particulièrement flagrant sur le 505 qui clôture l’album et annonce sans doute d’autres pistes. Au niveau de l’écriture, le sens de la formule d’Alex Turner fait toujours mouche et le place aux côtés de Mike Skinner (The Streets) dans les meilleurs observateurs de l’Angleterre d’aujourd’hui.
Moins varié, moins surprenant que son prédécesseur, il place les jeunots d’Arctic Monkeys dans les valeurs sûres, et pas des gloires éphémères montées à coups de myspace sournois. Loin de se glisser sur le savonnette du second opus, ils prennent tout le monde de vitesse et annoncent fièrement qu’on va devoir compter avec eux pour un bout de temps encore.
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