Accueil > Critiques > 2007

Basia Bulat : Oh My Darling

vendredi 27 avril 2007, par marc

La sincérité est une vertu


Vous avez sans doute connu des 2 janvier. Un par an normalement. Cette date où l’euphorie du réveillon est retombée, où le boulot à repris et où on réalise qu’il y a peu de raisons que l’année qui commence soit meilleure que celle qu’on a enterré deux jours auparavant. Je dois donc aux défricheurs attentifs de Said The Grammophone, ce qu’on appelle en langage technique des first wave bloggers ou types toujours premiers sur la balle la découverte de Snakes And Ladders. Ce morceau euphorique, de ceux qui embellissent un moment est ce que j’ai le plus écouté cette année et je lui dois d’avoir passé l’hiver de bonne humeur. Etrangement, personne à qui j’ai fait écouter ce morceau ne semble complètement partager mon enthousiasme. La découverte absolue impose une certaine solitude quelquefois.

Plus de 5 mois ont passé et cet album de la chanteuse de London, Ontario vient confirmer le bien que je pensais d’elle. Avec toujours cette sensation grisante d’aborder un territoire vierge, d’avoir comme chanson de chevet ce qui plaira aux autres plus tard.

Une des qualités indéniables de tout ceci est la sincérité. Elle sourd de chaque note. On la décèle dans les imperfections techniques, dans la sècheresse du son. Qu’on ne se méprenne pas, je ne me réjouis pas d’avoir un son pourri (il ne l’est pas) mais le personnage semble tellement honnête, ces chansons existent depuis tant de temps qu’on y voit la façon la plus directe de toucher l’auditeur. A des kilomètres de la bizarrerie calculée et faisandée de la musique pour table basse de salon style Coco Rosie, on est dans l’artisanat dans de qu’il a de plus pur. Pas de celui qui veut être à la mode, non, celui qui existerait même sans aucun auditeur. Par exemple, quand les violons interviennent sur Little Waltz, c’est tellement dépourvu d’artifices que l’échine se voit mise à contribution. La redoutable simplicité met le dernier couplet tellement en évidence qu’on ne peut que céder. Les chansons sont courtes, l’album n’est pas non plus bien long. Pas de vaines digressions, juste du filet pur, sans matière grasse. Aller à l’essentiel, donner au morceau ses plus simples et beaux atours, voilà ce qui a sans doute dirigé la démarche de Basia Bulat.

Ce qui est bien vu, c’est qu’au lieu de se complaire dans des climats lents, elle n’hésite pas à mettre de temps en temps des percussions (I Was A Daughter, December, Why Can’t It Be Mine). Ce qui a le double mérite d’éviter la monotonie et de donner des atours plus séduisants à certaines chansons. On ne l’ajoutera pas à notre longue liste des « femmes folk à moral chancelant ». De plus, on a droit à des orchestrations fouillées sur The Pilgrim Vine. Peut-être que d’autres compatriotes auraient rendu le tout plus solide, mais aucun ne peut donner cette impression de proximité. Elle peut embellir de quelques notes de piano un morceau qui n’attendait que ça (Birds Of Paradise). En toutes circonstances, elle ale a le sens de la mélodie qui tue de toute façon et le prouve en de nombreuses occasions. Pourrez-vous résister à The Pilgrim Vine ?

Il faut quand même préciser que c’est parfois trop lisse et convenu (December, Little One) et que quelques titres sont plutôt oubliables mais rassurez-vous, on n’a jamais l’impression d’écouter les Corrs.

Mais ce qui reste de ce Oh, My Darling c’est une voix impossible à confondre et de vraies bonnes chansons, intemporelles et touchantes. Oh, tout n’est pas inoubliable, une partie est même anecdotique, mais dans les moments où ça fait mouche, on est dans le meilleur du folk.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

4 Messages

  • Basia Bulat : Oh My Darling 11 mai 2007 23:20, par Tigermilk

    Bonjour, j’aime beaucoup Basia Bulat, avez-vous un contact où l’on peut vous écrire ?

    repondre message

    • Basia Bulat : Oh My Darling 17 mai 2007 23:46, par Marc

      En fait, il suffit de cliquer sur mon nom juste en-dessous du titre.

      C’est bien fait quand même...

      repondre message

      • Basia Bulat : Oh My Darling 23 mai 2007 13:26, par Anakin Skywalker

        Bonjour,
        En faite, j’ai eu l’occasion de la voir hier soir au Bataclan, et j’avou j’ai été supris par la sincérité de cette charmante personne. Sincérité que l’on retrouve jusqu’au bout de son sourire. Un coup de coeur que j’ai rarement ressenti en écoutant sa voix raillant parfois ce qui laisse de belle sensation auditive. Basia est à suivre dans sa carriére, je suis persuadé de la retrouvé bientot en Prime dans une salle parisienne. Dommage, je ne lui ai pas demandé son N° lorsque qu’elle m’a dédicacé son album ;-)

        repondre message

  • Ella Ronen – The Girl With No Skin

    Fuck Cute/I’m Tired of Cute/Cute has never served me
    Il ne faut pas se laisser tromper par la délicatesse d’Ella Ronen. Si on est séduit d’emblée par les plaisirs doux qui ne sont pas sans rappeler ceux de Marie Modiano (référence ancienne on en convient...), la jolie voix propose une écriture plus profonde, sans doute parce qu’elle repose sur un substrat qui a son content de drames.
    Une des (...)

  • Tomasso Varisco – These Gloves

    Les amis de nos amis (même récents) deviennent bien vite nos amis. En découvrant Stella Burns il y a peu, on ne savait pas que d’autres artistes se cachaient derrière comme Tommaso Varisco auquel Stella Burns prête ici main forte. Si ceci est moins marqué par l’americana mais c’est évidemment ce genre de terreau qui l’inspire. On est donc invités dans un road trip. Mais pas sur la route 66, ce périple (...)

  • Stella Burns - Long Walks in the Dark

    L’influence culturelle des Etats-Unis est telle que même les plus endémiques de ses expressions sont reprises partout dans le monde. Le cas de l’Americana est assez typique, on en retrouve des partisans tout autour du globe et c’est d’Italie que provient celui-ci, nommé Gianluca Maria Sorace mais officiant sous le nom de Stella Burns.
    Sa voix est belle et claire et reçoit aussi le renfort de Mick (...)

  • Harp - Albion

    Si le nom de Harp n’a jamais été évoqué ici, on connait bien l’instigateur de ce projet qui n’est autre que Tim Smith. Lui qui fut jusqu’au sublime The Courage of Others chanteur de Midlake a en effet quitté le groupe de Denton, Texas depuis belle lurette pour se lancer sur un autre chemin, accompagné de son épouse.
    Cette division cellulaire est un peu semblable à celle de Menomena qui a continué sa (...)