mercredi 6 juin 2007, par
Comment j’ai tué mes références
Puisqu’il faudra le faire à un moment ou un autre, débarrassons-nous des trois figures tutélaires auxquelles on pensera de façon évidente à l’écoute de ce troisième album des quatre filles de Brighton : Stereolab, Sonic Youth et le Velvet Underground. Evidemment, ce groupe ne prétend pas au statut de culte (voire de légendaire) de ces formations mais ce qui est intéressant, ce n’est pas les références même pas revendiquées, c’est que les chansons sont bonnes. Point. Mais elles permettent de vous faire deviner à quoi ça ressemble.
La référence à Stereolab est inévitable quand on pense au clavier souvent présent et au chant (en Anglais alors qu’ils ont aussi pratiqué le français comme la bande à Laetitia Sadier). Par ricochet, certaines variations du krautrock (Can ?) seront convoquées quand une idée simple prend son ampleur (The Lighthouse). Je dois tout de même préciser que je préfère ceci au modèle pour la variété plus grande, et que ce qui semble le plus marqué par leur empreinte est aussi le moins intéressant (At Sea).
La ressemblance avec Sonic Youth est moins flagrante a priori. Mais elle se manifeste surtout dans l’esprit des guitares introduisant After The Call, puis dans le chant, puis dans l’accélération. C’est quand une certaine fureur rentrée est perceptible qu’Electrelane est le plus intense (Between The Wolf And The Dog). La conjonction de l’orgue et de la guitare est donc particulière à ce groupe (Saturday) et empêche la parodie ou l’hommage.
Du dernier groupe, on ne retiendra cette façon d’être constamment à la limite, sans jamais tombe dans le maladroit. Pour être complet, on parlera aussi d’un son d’orgue qui n’aurait pas déparé un Pink Floyd première mouture (Five), et d’un apport occasionnel et réussi de violon (In Berlin)
D’une manière générale, il faudra s’habituer à ce chant qui parait parfois un peu dépassé par les évènements mais participe au charme. De toute façon, il est plutôt appréhendé comme un instrument supplémentaire, quand il n’est pas réduit à des haha (Tram 21). Et puis il y a plusieurs morceaux instrumentaux, qui montrent la cohérence de la démarche. Ce ne sont pas des intermèdes mais des ‘chansons’ à part entière. On voit le désir de jouer, la ferveur. C’est palpable et communicatif. Dans un monde logique, la musique d’Electrelane ne devrait pas fonctionner, tant elle ne semble reposer que sur son charme. Mais il faut se méfier de cette fausse fragilité. La rythmique ne joue pas les apprentis-sorciers. Elle est là pour apporter une base solide. Et c’est sa présence qui rend le tout si digeste et enlevé. On ne joue pas sur les contrastes, on chauffe juste la machine pour qu’elle trouve son propre rythme. C’est pour cette raison que certains morceaux semblent lents à démarrer (Berlin, très flagrant sur Five) mais finissent toujours par convaincre sur la longueur. C’est encore plus évident en concert (signalons au passage qu’elles ont assuré quelques premières parties d’Arcade Fire en Europe) d’ailleurs ou il faut le temps de s’installer pour pleinement profiter de ces jams tendues et hypnotiques.
Bien que partant pas gagnantes à cause de points de comparaison évidents et lourds à porter, les quatre filles d’Eletrelane emportent la mise par un savoir-faire certain, une sincérité inattaquable et finalement une forte personnalité. Si le mélange évoqué vous interpelle, pas de raison de bouder son plaisir.
On vous avait déjà parlé de cette formation française à l’occcasion d’un EP sympathique qui montrait de belles dispositions. On change résolument de braquet ici avec 21 titres pour 40 minutes de musique. Mais la longueur n’est pas la seule évolution, la consistance et la constance sont aussi de la partie.
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