mercredi 22 août 2007, par
Des chateaux sur du sable
Il y a déjà un petit temps que trainent ça et là des compositions d’A Sunny Day In Glasgow. Certaines présentées par KEXP étant franchement réussies, il n’y avait aucune raison de ne pas faire plus ample connaissance avec ce groupe.
Quel est le style de A Sunny Day In Glasgow ? Bonne question. On va plutôt le mettre dans sa famille d’inspiration. Dans les communions et mariages, il côtoierait les Panda Bear, Grizzly Bear et autres Animal Collective. Dans cette ménagerie, c’est l’effet qui compte. La complexité du procédé importe peu. Si vous vous êtes déjà frottés avec succès à ces groupes, aucune raison que vous ne trouviez pas la porte d’accès. Tant qu’on en est dans les comparaisons à tâtons, le rock flou de My Bloody Valentine n’est parfois pas loin.
On constate donc une recrudescence de ces ovnis. Pourtant autant de liberté et de flou est dangereux. En effet, il est très facile de perdre l’auditeur dans les méandres d’une complexité intellectualisante mais le groupe semble se soucier des nerfs de l’auditeur et on évite ces pièges. Il s’en dégage peut-être parfois une impression de gloubiboulga mais c’est un peu un des risques de ce genre qui exige qu’on écoute la musique dans son intégralité et pas analytiquement. Il faut donc se placer du côté des intentions et du résultat plutôt que des moyens. Les voix, par exemple, sont féminines et floues mais leur contenu n’est pas intelligible. Vous avez laissé votre clé USB dans la poche de vos jeans avant de les mettre à la lessive ? C’est un peu l’impression que donne un Our Change Intro The Rainbow.
Fascinant ou fastidieux selon l’approche et l’humeur, cette musique a le bon goût de ne pas irriter. Car c’est de l’expérimental au sens noble, de ceux qui avancent à tâtons pour trouver du nouveau, pas celui des poseurs. Pas la peine de rechercher non plus de structure classique de morceaux, elle s’échappe dès qu’on tente de la saisir (Our Change Into Rain Is No Change At All (Ain’t Talking About Us)). Il est amusant de constater cette volonté délibérée de construire des châteaux sur des sables mouvants. Parfois d’ailleurs ce ne sont que des morceaux à la limite de l’ambient (Panic Attacks Are What Make Me ‘Me’)
Il manque la luminosité de Panda Bear, exemple le plus récent et réussi de sortir des sentiers battus du folk. Pourquoi folk d’ailleurs ? Par défaut. Parce que les guitares électriques font partie du fond sonore, parce qu’il n’y a pas d’électronique. C’est un peu maigre, certes. Il y a malgré tout une véritable pulsation (N°6 Von Karman Street) qui apporte un petit plus indéniable et aide à les distinguer. Alors que cet album est conçu plutôt comme un tout cohérent à gober d’un coup d’un seul, 5:15 Train, déjà connu, est à la hauteur des meilleures réalisations du genre.
Dans un genre très particulier qui s’adresse en priorité aux esprits curieux, A Sunny Day In Glasgow ne manque pas d’intérêt mais risque de souffrir de la comparaison avec quelques albums exceptionnels sortis (Panda Bear) ou à venir (Animal Collective). Ne vous privez cependant pas de leur personnalité si les autres font partie de votre univers musical. Les plus curieux ne doivent pas se laisser décourager par cette musique cotonneuse et aux contours incertains
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