vendredi 24 août 2007, par
Comme l’austérité peut être belle
Les albums mettent parfois du temps à traverser l’Atlantique. Oui, plus que les huit heures du trajet en avion. Il a fallu presque un an pour que le Songs Of Life And Death et sa beauté de fleur prise par le givre nous parvienne. Heureusement, il n’aura pas fallu attendre aussi longtemps pour ce Song III.
A chaque écoute la magie reprend. Marissa reprend les choses où elles les avaient laissées avec l’album précédent. Une voix superbe avec un écho, apparente simplicité, limpidité des mélodies (Dying Breed), arpèges inspirés (Rachel), ce sont les éléments de base pour l’aspect. C’est que pour celui qui se plonge dans les paroles, le plus surprenant est le contraste entre l’apparente douceur de la musique et la noirceur de certains textes. On note d’ailleurs le retour de la Box Of Cedar. C’est comme ça, Marissa parle de la mort, de deuil, d’absence, ce qui donne un peu de solennité au propos pour peu qu’on s’y attarde. Mais comme c’est sans pathos aucun et d’une sensibilité remarquable, elle ne voit pas l’intérêt d’en remettre une couche et cette pudeur musicale fait mouche. Ecoutez Sylvia en vous imprégnant du contenu et vous verrez de quoi je parle. Mais ça fonctionne aussi sans ça. On retrouve aussi des allusions au Mayflower (Leather Made Shoes). C’est donc un album qui reflète son monde. Avec un peu de la distance d’un Dead Can Dance mais plus d’humanité, plus de chaleur aussi (Mexican Summer).
Mais les thèmes peuvent se faire tendres aussi (Thinking Of You) sans que l’ambiance générale en soit affectée. C’est assez particulier mais nécessite de s’intéresser au contenu, ce qui n’est pas nécessaire pour apprécier la chanteuse. La reprise de l’incunable Famous Blue Raincoat de Léonard Cohen se révèle lumineuse et personnelle. C’est qu’elle n’essaie pas de faire des chansons tristes, mais de belles chansons. Elles dégagent un peu de mélancolie, certes, mais pas la noirceur que les paroles pourraient laisser craindre.
Quand on a une légère batterie sur Mexican Summer, c’est évidemment Mazzy Star qui vient en tête. Mais la voix est suffisamment distincte de celle d’Hope Sandoval fort heureusement. Une touche électrique vient aussi en renfort sur Bird On Your Grave. Ca casse la monotonie et la demoiselle s’en sort très bien. C’est sec et puissant même si on a ici une impression plus ornementale que, disons, chez les Walkabouts. Ne passons pas sous silence la grave contrebasse sur Feathers. Le procédé fonctionne même si sur la longueur un rien d’uniformité se fait sentir. La solution ? Ecouter un demi-album à la fois. Ca marche d’autant mieux et la gratification est complètement au rendez-vous.
On a une impression d’éternité, de morceaux qui ont un âge de dix minutes ou de trois cent ans. Il y a un côté céleste également dans ces compositions. D’un ange un peu triste de voir tant de désolation et de mort mais qui chante toute la beauté du monde quand même. Il n’y a que des voix humaines qui peuvent parler de l’humain comme ça
Bien honnêtement, Marissa Nadler n’est pas la chanteuse que j’ai écouté le plus ces derniers mois, mais chaque plongée dans son univers personnel m’a vu ravi. Si une des plus belles voix du moment posée sur des chansons sans âge et traversées comme inconsciemment par l’idée d’absence vous tente même un minimum, vous avez un nouveau nom à ajouter à votre calepin. D’une beauté austère mais indéniable, son univers reste indispensable.
Encore un artiste folk hexagonal et encore un détour qu’il est bon de faire. Ce premier album est publié par #14 records, le refuge du génial The Wooden Wolf, ce qui est évidemment ce qui a attiré notre attention. Une fois attirée, cette attention a été captée par cette voix claire et la limpidité revigorante des morceaux, hantés mais pas trop.
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