mercredi 29 août 2007, par
Le minimalisme ? Pour quoi faire ?
Il y a, comme ça, des albums qui ne garnissent pas le chevet mais qu’on apprécie qui procurent un petit plaisir quand on revient dessus au hasard d’un shuffle. On avait Lauren Hoffman, Brisa Roché, Shivaree et il y a une nouvelle à ajouter à la liste. St Vincent, c’est le projet de la chanteuse (mais qui assure une bonne partie de la pléthorique orchestration) Annie Clark qui fait partie de la fanfare pop The Polyphonic Spree qui est une sorte de I’m From Barcelona américain en uniforme.
Tout commence de façon assez étrange par le morceau le plus déroutant (Now, Now). Est-ce destiné à séduire un public plus habitué à des morceaux complexes avant de les amener vers un terrain certes aussi fouillé mais moins dérangeant ? D’autant qu’elle assène dans la foulée l’orchestration à base de pam-pam vocaux (résidus de son passage dans le collectif susmentionné). Le pic pour moi se situe dès Your Lips Are Red et ses riffs de violons très peu Eurovision. Puis c’est le basculement vers une luxuriance à la Andrew Bird (Marry Me). On tombe donc progressivement vers une approche plus policée. Les douceurs passent parfois remarquablement la rampe, grâce à une bonne mélodie et un décalage qui évitent le sucre (My Stars Aligned) mais pas toujours.
C’est à ce moment qu’on se dit qu’on écoute un peu l’album ambitieux après lequel court désespérément An Pierlé (Paris Is Burning). Vous le constatez, on n’est pas dans le post-punk râpeux. Puis on aura droit à du piano jazzy un tantinet prétentieux (l’intermède We Put A Pearl In The Ground) mais quand on sait que celui qui le manie Mike Garson, accompagne généralement David Bowie, on sait qu’on croise à haute altitude même si honnêtement j’aime moins du coup. Question de culture sans, ceci étant quand même très connoté américain. Ce qui est loin d’être un reproche en soi mais risquera de rebuter certains ici et je me compte un peu dans le nombre. C’est donc plus réussi quand c’est déconstruit que plus policé. Et comme l’album a une progression qui va du plus tordu au plus convenu et pompier, on peut envisager de décrocher en route.
Le timbre de la voix et le phrasé aux accents légèrement jazzy renvoient à Brisa Roché. Pour elle non plus un rythme bossa n’est pas tabou (Human Racing). C’est de toute façon encore un album à combustion lente, à allumage lent mais certain, loin de la sècheresse d’un certain indie américain qui râpe les oreilles à dessein. Certes, les arrangements sont parfois un rien too much (Land Mines) mais on est dans le foisonnement, pas le démonstratif, comme chez ce Sufjan Stevens (avec qui elle a collaboré) qui se présente décidément comme l’inévitable figure de proue des arrangeurs inspirés. Le seuil de tolérance dépendra de chacun ou même de l’humeur d’écoute. What Me Worry ? ne passera pas en tout jour ou à toute heure chez moi. C’est d’une écoute agréable d’une manière générale, ce qui est une qualité qui est loin d’être anodine.
La première partie de l’album semble plus réussie, puisque la fin comporte les morceaux plus lents, plus subtils peut-être mais aussi plus ampoulés. Donc, et j’admets la part de subjectivité que ça comporte, un bon demi-album. A l’instar de Stars (eh oui, encore un membre de la bande), St Vincent propose une voie médiane, celle d’un songwriting riche qui n’a pas peur. La voix impeccable termine le travail d’un album subtil qui s’offre au fil des écoutes. La pop jazzy un peu pompière de St Vincent s’offre donc comme une alternative bienvenue à la sècheresse habituelle des productions indépendantes d’outre-Atlantique, surtout sur une brillante première partie d’album qui s’encombre moins de clichés jazzy. Pour un premier album en tous cas, elle fait montre d’une maitrise soufflante qui la porte aux côtés de ses amis.
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