Accueil > Critiques > 2007

Les Savy Fav - Let’s Stay Friends

mardi 18 décembre 2007, par marc

L’avenir est au composite


La moindre des choses qu’on exige d’un album, c’est qu’il fasse du bien par où il passe (typiquement les oreilles). C’est partant de cette simple constatation qu’on va essayer de déterminer ensemble pourquoi le quatrième album des New-Yorkais de Les Savy Fav correspond à ce cahier des charges.

Le morceau d’entrée est comme il se doit assez engageant. Avec un riff un peu en retrait est assez efficace et une voix légèrement décalée, le décor est planté. Comme pour expliquer qu’on est dans l’indie, pas dans cette soupe pour ado qu’est devenu maintenant l’alternatif. Il n’y a pas que la musique complexe d’abord qui nécessite une écoute répétée et approfondie. Spoon étant un exemple récent de cette assertion et celui-ci est encore un exemple de groupe à plusieurs niveaux d’écoute. Mais c’est dans la variété et dans la maîtrise dont ils font montre pour l’apprivoiser que ce Let’s Stay Friends marque le plus de points.

Par exemple, Kiss Kiss Is Getting Old et sa voix féminine font clairement penser aux vétérans de Sonic Youth, les sons de guitare déconstruits étant là parfaitement raccord. Mais comme chez les indispensables New-Yorkais, ils savent un peu rentrer leurs griffes. C’est en tous cas une référence qui traverse l’album en filigrane, en arrière-plan, pour enrichir ces petites pièces pas si pop que ça. On a aussi une incursion dans Angleterre des Bloc Party et Rakes pour The Year Before 2000 ou What Wolves Would Do qui a en outre l’aspect ensoleillé de Mercury Rev. Rien que ça. On ira même jusqu’à l’axe Tom VekBeck sur Brace Yourself, voire un Modest Mouse en période de repos. Mais il y a aussi des morceaux plus incisifs. The Equestrian, Rage In The Plague Age ou Slugs In The Shrubs sont donc plus rentre-dedans et je ne vous cacherai pas longtemps que c’est un peu trop pour moi. Je sais ce qu’on dit hein « Si ça va trop fort et trop vite, c’est que vous êtes trop vieux ». J’assume. C’est le côté Seattle années ’90 qui est présenté ici et il faut reconnaître que quand ils vrombissent ils ne se départissent pas de leur savoir-faire. C’est comme synthèse cohérente de plusieurs courants alternatifs américains qu’ils se présentent et c’est à ce titre qu’il est si varié et agréable. Les morceaux de transition prennent alors toute leur importance (Comes & Goes)

L’alternance de morceaux parfois casse-oreilles pour mes aspirations et de pièces plus subtilement emmenés fait mouche pour la diversité. Sans fioritures (la durée moyenne doit se situer dans les trois minutes), suffisamment varié pour que la nervosité ne soit pas un frein au plaisir, Les Savy Fav nous livre un album riche qui ne pourra pâtir que de l’absence d’un titre plus fort que le reste.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Shamir - Homo Anxietatem

    Un petit coup d’oeil à son Bandcamp ne laisse pas beaucoup de doute sur ses préoccupations. Le neuvième album de l’artiste de Philadelphie est concerné par la question du genre. Mais ce n’est pas ce qui frappe d’emblée à l’écoute de cet Homo Anxietatem, c’est plutôt la voix. Haut-perchée, elle est une des caractéristiques les plus remarquables de cet artiste.
    Elle peut être une limitation aussi, jouant (...)

  • Anohni and the Jonsons - My Back Was a Bridge for You to Cross

    Une limitation connue de la critique est qu’elle intervient à un temps donné, dans un contexte. Or on sait que les avis ne sont jamais constants dans le temps. Ainsi si I am a Bird Now a beaucoup plu à l’époque, on le tient maintenant comme un des meilleurs albums de tous les temps, tous genres et époques confondus. Cette proximité crée aussi une attente quand que les Jonsons sont de nouveau de la (...)

  • Swans – The Beggar

    Maintenant je me sens optimiste. Ma couleur préférée est le rose. J’espère que vous allez apprécier cet album.
    Ce n’est pas le genre de citation qu’on attend de la part de Michael Gira pour présenter ce The Beggar. Certes, on n’attendait pas un aphorisme désespéré, mais quand on connait Swans et leur aura de danger, il y a de quoi être un peu intrigué. Mais rassurez-vous, même si les changements de (...)

  • DM Stith – Fata Morgana

    Difficile de revenir après plusieurs années d’absence, surtout si on était associé à un courant qui s’est un peu éteint. C’est en effet dans la vague freak-folk, mêlant écriture et musique aérienne et organique à la fois qu’on avait placé DM Stith. Avec son pote Sufjan Stevens ou autres Grizzly Bear, il était même un des plus éminents représentants de ce style qui nous a valu bien du plaisir.
    Toujours aussi (...)