Accueil > Critiques > 2008

Sons And Daughters - This Gift

mardi 22 janvier 2008, par marc

A la recherche de la singularité perdue


Après la petite pause habituelle de début d’année, induite par le manque de sorties d’albums et de concerts, nous revoilà, fringants comme jamais pour vous commenter cette année 2008 qu’on espère riche. Les choses sérieuses commencent donc par un album attendu.

Il y a des groupes comme ça. On a beau les avoir perdus de vue pendant trois ans, le souvenir d’un album est encore vivace parce qu’il proposait un mélange assez unique. L’attente est donc présente et retombe aussitôt. Si on ne se laisse pas décourager par le nerveux single Guilt Complex, il faudra quand même se rendre à l’évidence et constater un dommageable recul. Les qualités intrinsèques restent mais on a remplacé tout ce qui était original par des composantes de série.

Mais qu’est-ce qui faisait le sel des Sons And Daughters ? Des voix dédoublées, un dialogue un rien cruel entre deux êtres en furie, une rage acoustique, des réminiscences aussi bien de certains Nick Cave que des Sugarcubes. Un curieux objet donc, mais de bonne tenue.

Objectivement, chacune de ces chansons sonne bien individuellement, pas de doute là-dessus. Guilt Complex, House In My Head, Chains sont tous réjouissants, Darling évoque même la voix de tête de PJ Harvey. La chanteuse se démène juste comme il faut mais leurs règlements de compte à deux voix étaient plus singuliers que ça. La voix masculine étant au mieux (et même, rarement) un faire-valoir. Donc ce n’est pas un album qu’on écoute l’œil sur la montre mais on a juste un correct album de série, de ceux qui vont sans doute impitoyablement se faire recouvrir par le déluge de sorties à venir (voir même de cette semaine qui compte deux hauts faits).

C’est étrange de voir un groupe perdre à ce point sa singularité. Certes, cet album comporte de bons moments et l’énergie déployée est revigorante, mais quand on a découvert tout le pouvoir vénéneux de The Repulsion Box, on est dans la banalisation. Qu’est-ce qui va pouvoir les distinguer, et, partant, susciter l’intérêt ? Poser la question est un peu y répondre.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Pulp – More

    Non, je n’aurais jamais pensé critiquer l’actualité d’un groupe comme Pulp (on en avait parlé ici pourtant). On craint d’ailleurs souvent ces retours venus de nulle part tant la fibre nostalgique permet de plans marketing. Personne ne pense une seconde qu’Oasis se reforme sur des bases artistiques et pour proposer du matériau neuf et excitant.
    C’est dans ce contexte un peu suspicieux que (…)

  • Snapped Ankles – Hard Times Furious Dancing

    Dansante et hédoniste, la musique de Snapped Ankles se veut une distraction volontaire, un mécanisme de survie assumée plutôt qu’un aveuglement négation. Et c’est vraiment vital ici et maintenant. La danse comme manière de rassembler et d’évacuer. Pourquoi pas, surtout que ça n’inhibe pas l’action par ailleurs.
    Surtout que sur le cinquième album de la formation londonienne n’est pas (…)

  • Squid – Cowards

    En matière de critique, tout est question de perception. Certes, on tente de définir le contexte, de placer une œuvre dans une époque au moment où elle se déroule (oui, c’est compliqué) mais souvent, on essaie en vain de définir nos affinités électives. Et puis si on n’arrive pas à expliquer, rien ne nous empêche de partager. Ainsi, on a adoré tout de suite ce que faisait Squid. En alliant (…)

  • The Veils - Asphodels

    Après l’énorme dans tous les sens du terme ...And Out The Void Came Love, le retour de The Veils a été plus rapide que prévu. Et il y a sans doute une explication à ça. En revenant, ils se sont concentrés sur un des aspects de leur style. On avait eu par le passé un album comme Time Stays, We Go qui était aussi plus uniforme dans un mid-tempo certes agréable mais pas vraiment à la hauteur de (…)