Accueil > Critiques > 2008

Cocoon - My Friends All Died In A Plane Crash

jeudi 28 février 2008, par marc

Comme le nom l’indique


Les Inrockuptibles ne se sont parfois fourvoyés dans un passé récent (leur classement de fin d’année leur a valu une méritée volée de bois vert) mais ils ont gardé la main dans certaines découvertes. Leur concours cqfd (Ceux Qu’il Faut Découvrir) nous a permis de découvrir Joseph d’Anvers ou Florent Marchet. Un des lauréats passe maintenant à l’étape supérieure du premier album. C’est le comparse de Jean-Louis Murat, Denis Clavaizolle qui est tombé sous le charme de ce frais et jeune line-up et qui est aux manettes de la production. Cette collaboration a aussi donné l’occasion à la chanteuse Morgane Imbeaud de participer au réussi projet Charles et Léo de Murat, qui s’y connaît en collaborations féminines (citons Camille, Jennifer Charles, Carla-qui-vous-savez, oublions charitablement Mylène Farmer).

Il est étonnant de voir quels résultats différents peut donner la formule du duo mixte (The Kills, The Do, The White Stripes…). C’est donc dans le gentil genre du pop-folk qu’ils évoluent. C’est un style par définition voué à la légèreté, donc qui ne pourra que paraître nunuches à qui aime les drogues musicales dures. Il faut donc de la qualité pour passer outre les limitations d’un genre. Le duo français y parvient heureusement souvent. Plus que les mid-tempo (On My Way) qui souffrent de vouloir se faire trop séduisants et sonnent trop léger (Chupee), mes morceaux préférées restent les plus simples comme Tell Me ou Cliffhanger qui peut faire penser au Current 93 de l’album Thunder Perfect Mind.

Les nappes de violon ne sont pas toujours indispensables (Seesaw) et semblent un peu en porte-à-faux entre les deux tendances actuelles à la luxuriance et la sècheresse. Mais cet album est destiné à un auditorat plus vaste que les purs folkeux, ce qui explique ces choix. Parfois pourtant, ça lorgne même du côté de Sufjan Stevens pour un Owls à l’orchestration un tantinet plus ambitieuse. Ca n’a pas la tension dramatique d’un Nick Drake mais on a tellement entendu de choses mauvaises dans le genre (non, je ne cafterai pas) qu’il faut avouer que ceci est le haut du panier. Je préfère sa voix à elle à celle du garçon Mark Daumail. Mais en combinaison l’équilibre est assuré. Reste que l’accent frenchy n’est pas exagéré (on a entendu bien pire) même s’il reste prégnant. L’aporie qui veut que des non-anglophones chantent en anglais de façon pas toujours parfaite en anglais et osent rarement se limiter à leur langue maternelle trouve donc ici un compromis.

De jolies mélodies qui constituent avec la sobriété de la production les grandes satisfactions de cet album. Si vous aimez un seul de ces morceaux, il est presque certain que le reste vous plaira tant la qualité est constante. Vous pouvez vous faire un premier avis ici. Pour moi, seul le Christmas Song ne passe pas, à cause d’une dose de sucre imposée par l’exercice. Cet album gentil et délicat ravira ceux pour qui la légèreté n’est pas un défaut. Ils auront droit à une très bonne enfilade de pièces courtes et d’un très bon niveau mélodique et arrangées avec un goût certain. Pour une fois, le nom du groupe donne une excellente idée du contenu, voir même de la posologie.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Jawhar - Khyoot

    Comme Raoul Vignal dans un genre proche, l’évolution de Jawhar l’amène à plus de douceur, à plus de rondeur, avec une vraie beauté qui en résulte, un peu différente de celle des débuts, mais tout autant indéniable. Lui qu’on avait notamment entendu aux côtés de Françoiz Breut ou Monolithe Noir dans un passé récent, il reprend ici le fil de sa discographie avec une certaine continuité. Ne (…)

  • Raoul Vignal – Shadow Bands

    On apprécie toujours le retour d’un ami de longue date, surtout s’il reste empreint d’une grande beauté. Comme on l’avait signalé à la sortie du précédent Years in Marble, il s’éloigne d’influences comme Nick Drake (avec un picking virtuose) pour favoriser un mid-tempo qui coule de source comme South, Brother qui relate ses retrouvailles avec son frère qui vit en Espagne. La finesse d’écriture (…)

  • The Golden Son - I am Who am I

    On l’a dit, on connait remarquablement peu d’artistes pour les plus de 2000 critiques écrites ici. Pourtant quelques camaraderies virtuelles ont pu se développer. A force de commenter les albums de The Imaginary Suitcase, j’ai même eu droit à une écoute préliminaire de cet album. Ceci est juste une petite mise au point au cas où vous viendrez fort légitimement douter de mon objectivité en la (…)

  • Bright Eyes - Five Dices All Threes

    Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
    Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)