mercredi 30 avril 2008, par
Elle ne perd pas le fil (gag drôle)
Après un premier album qui n’a pas eu un écho gigantesque,Le Fil a bénéficié d’un succès critique et public qui en a fait une sorte de Björk française, par sa capacité à évoluer en dehors de la variété tout en conservant une crédibilité. Mais indépendamment de ses indéniables qualités intrinsèques, elle n’est pas d’une folle originalité pour qui connaît autre chose. Pour ceux qui sont familier des expérimentations des Panda Bear, Yeasayer et autres Ruby Suns (la liste est très élastique), ceci est même assez plan-plan. Mais je le répète, ce n’est pas un jugement de valeur mais une explication de l’ampleur très régionale du phénomène. Mais parmi ceux qui crient au génie, combien ont vu Animal Collective à l’œuvre ?
Ceci posé, on est quand même curieux de voir où elle en est artistiquement. Première constatation, c’est l’anglais qui est la langue la plus employés sur cet album. On la sent très attirée par une tradition vocale anglo-saxonne, celle du gospel, du cabaret (Cats And Dogs), soul (certains passages de Money Note montrent son penchant), à la limite du lyrique parfois (The Monk). MaJiker est toujours aux manettes, ce qui assure tout de même une continuité, avec l’utilisation de peu de sons sortant d’instruments, tout juste distingue-t-on un piano et une rythmique de temps à autre. On a quand même connu les excentricités d’outillages d’Einstürzende Neubauten donc on ne prend même pas peur, même pas du côté pouet-pouet (la seconde partie de Cats and Dogs) qui énervera ou fascinera selon l’inclination ou l’humeur.
On a moins de morceaux très mélancoliques qui donnaient une teinte sombre au Fil, même si Winter’s Child par exemple entre dans la catégorie mais en moins gloomy. La cohérence des paroles passe parfois au second plan mais ce n’est pas grave, puisque ce n’est pas le but de faire de la poésie de haut vol. Money Note ne veut pas faire du François Villon et c’est très bien ainsi. Mais le fait principal, c’est qu’il y a sur cet album de fort bonnes chansons comme Home It’s Where It Hurts, Waves ou Winter’s Child. Et les mélodies pas complètement ensevelies sous le bizarre. Reconnaissons-lui une sincérité bien plus flagrante que chez, disons, Coco Rosie. Même s’il faut un peu de complaisance pour penser qu’un morceau de près de 7 minutes puisse être passionnant avec que des tadadas (The Monk).
On ne peut plus nous présenter Camille comme une artiste d’un niveau intersidéral puisqu’on mange du retour des bruits de bouche à tous les repas. Ceci posé, certaines compositions tiennent bien la route et la volonté affichée de les orchestrer autrement que classiquement est louable et la présente comme une voie médiane entre la facilité pop et des prétentions arty. Cet album n’étant jamais énervant, les excentricités ne plombant pas de belles réussites mélodiques mais amenant de l’originalité, on peut conclure que la mission qui consistait à maintenir Camille dans le peloton de tête des chanteuses pertinentes est réussie.
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