Accueil > Critiques > 2008

Ruby Suns - Morning Sun

lundi 5 mai 2008, par marc

Un des nombreux rejetons du soleil


S’il est bien un label qui a habilement su se reconvertir après la gloire, c’est bien Sub Pop de Seattle. Certes, il ne leur fut pas facile de survivre au boom grunge mais ils ont bien redressé la barre, en accueillant des groupes aussi divers et bons que Band Of Horses, The Shins ou Wolf Parade. Et on ne peut pas dire que The Ruby Suns va les renvoyer à la musique qui tache. C’est que le groupe implanté en Nouvelle Zélande par le Californien Ryan Mac Phun est pile-poil dans la mouvance de weird-folk ensoleillé qui déferle gentiment dans les rayons indie (par contre, la bande fm n’en est pas trop friande apparemment).

Et en tant qu’avant-garde d’un folk baba et aventureux, on peut dire qu’ils tiennent leur rang. Par un sens mélodique jamais démenti qui rend digeste même leurs moments les plus abstraits. Ils peuvent ainsi élever un morceau à l’aide d’une seule guitare acoustique, presque mariachi (Oh Mojave), passer ensuite à ce qui pourrait être un morceau de folklore brésilien (Tane Mahuta) puis donner l’impression que Remember s’est échappé d’une BO de Pink Floyd pour Barbet Schroeder (style More ou La Vallée). Quand vous ajoutez à ça les vocalises abstraites comme chez, par exemple, A Sunny Day In Glasgow sur It’s Mwangi In Front Of Me, vous aurez compris qu’on n’emprisonne pas facilement leur style dans un étroit carcan.

Mais le plus étonnant n’est même pas là. Sur la seconde partie de Morning Sun qui commence comme une mélopée et termine dans une pop étrange on a la sensation que les années ’80 étaient passées au filtre de folkeux fous furieux. There Are Birds les voit aussi pratiquer un genre de new-wave acoustique et, de manière assez surprenante, le résultat est cohérent. Imaginez que Ladytron joue avec Jana Hunter, juste pour vous donner une idée… Les Ruby Suns nous proposent donc un chouette coup de soleil inspiré et original. Pas de bol, ces qualités sont aussi présentes chez beaucoup de groupes du moment, de Yeasayer à Panda Bear. Ils s’en distinguent heureusement par une approche plus orientée sur les chansons et des compositions qui ont le mérite de sortir des frontières du genre pour trouver des éléments neufs.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Raoul Vignal – Shadow Bands

    On apprécie toujours le retour d’un ami de longue date, surtout s’il reste empreint d’une grande beauté. Comme on l’avait signalé à la sortie du précédent Years in Marble, il s’éloigne d’influences comme Nick Drake (avec un picking virtuose) pour favoriser un mid-tempo qui coule de source comme South, Brother qui relate ses retrouvailles avec son frère qui vit en Espagne. La finesse d’écriture (…)

  • The Golden Son - I am Who am I

    On l’a dit, on connait remarquablement peu d’artistes pour les plus de 2000 critiques écrites ici. Pourtant quelques camaraderies virtuelles ont pu se développer. A force de commenter les albums de The Imaginary Suitcase, j’ai même eu droit à une écoute préliminaire de cet album. Ceci est juste une petite mise au point au cas où vous viendrez fort légitimement douter de mon objectivité en la (…)

  • Bright Eyes - Five Dices All Threes

    Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
    Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)

  • Fink – Beauty In Your Wake

    Un écueil fréquent auquel se frottent les artistes à forte personnalité est la répétition. Quand on a un son bien défini, un univers particulier, les variations sont parfois trop subtiles pour être remarquées ou remarquables. Si vous avez écouté deux albums de Stereolab vous savez de quoi on veut parler. Si on identifie un morceau de Fink assez vite, il y a malgré tout suffisamment d’amplitude (…)