lundi 26 mai 2008, par
Chère lectrice, cher lecteur,
C’est seulement après 439 critiques publiées que je m’adresse directement à toi. Etrangement, d’ailleurs, puisqu’écrire c’est un peu ne parler qu’à un lecteur à la fois. Une fois n’est pas coutume, donc, c’est à toi, arrivé(e) au hasard d’une recherche ou fidèle, connaissance ou pas, que je vais m’adresser.
Cette façon de procéder concerne un album qui pourrait t’intéresser. Après de fort nombreuses écoutes, il se confirme que j’aime ça et que ce pourrait être le cas pour toi. Pourquoi celui-là et pas un de mes autres coups de cœur de l’année ? Impossible à dire, d’autres auraient mérité ces égards. Mais c’est parce que celui-ci n’a pas retenu l’attention de la presse. C’est d’ailleurs à la vigilance de deux coreligionnaires de radiolibre que je dois leur découverte. Le principal moteur des rédacteurs de ce site étant la divulgation de ce qui nous agite ou nous énerve en matière de musique, nous sommes dans le vif du sujet.
Si tu as aimé Rooke’s House For Bobby, No Cars Go ou A Night In, tu vas aimer I Sold My Hands For Food So Feed Me. C’est logique quelque part, un peu mélancolique même dans la précision du déterminisme mais c’est presque inratable. Oui, les montées de batteries se voient à des kilomètres, oui, la mélodie ne change pas des masses, oui, la distorsion arrive de façon attendue, comme sur bien des morceaux post-rock, mais c’est tout bonnement bon de ressentir ce qu’on ressent dans ces moments-là. Un album qui contient un morceau de ce calibre est un bon album. Point. Presque tous les titres méritent la mention mais comme je n’aime rien moins que les critiques piste-par-piste, je vais t’épargner ce procédé lourdingue
De plus, ce groupe fait partie d’une grande famille de rock fouillé, dont les membres s’appellent aussi bien Tindersticks que The National, Devastations, Pulp, Jack, The Black Heart Procession ou Walkabouts. En bonne compagnie donc. Et si la voix est peut-être moins marquante que celle de Stuart Staples ou Matt Berninger, elle se prête aussi à plus de fantaisie, pouvant sonner comme celle de Jarvis Cocker (Pulp) pour Ticktack Goes My Automatic Heart ou même singer Thom Yorke sur People Magazine Front Cover ou We Are Safe Inside While They Burn Down Our House qui donne plus l’impression de sortir d’Oxford que de Mannheim (ville d’origine de ce groupe).
L’intensité est ce qui rend la musique inoubliable. C’est un album de garde, de ceux qu’on ressortira plus tard. On l’associera à des évènements à nous mais pas à une mode quelconque. C’est qu’il y a de la variété sur ce premier album. Du mélange de cuivres et de sons surannés qui a déjà été remis au gout du jour récemment par Beirut (You/Aurora/You/Seaside) à de jolies balades (Help To Prevent Forest Fires), mais sans complaisance dans des rythmes lents (If That Hat Is Missing I Have Gone Hunting et ses chœurs). Les paroles sont parfois un rien à la traine de ceux qui ont l’anglais comme langue maternelle (Christmas In Adventure Parks), mais ça ne suffit pas à gâcher le plaisir. Par bravade ou par inconscience, ils se lancent tête baissée dans une reprise aussi improbable qu’un hit d’Underworld (Born Slippy, sisi). Et il y a d’autres vraies réussites quand la voix de la violoniste (ah, ce « Good morning brother I’m so sad ») se mêle au dialogue (Your Endless Dream), un rien plus désabusé mais comparable aux Murder Ballads deNick Cave. Ou encore le poignant Lost In The Montains. C’est qu’être touchant sans être geignard n’est pas à la portée de n’importe qui. Ceux qui ratent ça sont nombreux et tu les connais aussi bien que moi. Il est probable d’ailleurs que ton impression globale soit la même mais que ta sensibilité porte tes préférences sur tel ou tel morceau.
Voilà, c’est le moment où je te laisse, futée lectrice, futé lecteur, avec eux. Dis-moi ce que tu en penses. Dis-moi si tu partages mon enthousiasme. Dis-moi si je suis à côté de mes pompes. Si tu n’en penses rien, fais comme d’habitude, ne dis rien.
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