Accueil > Critiques > 2008

EZ3KIEL - Battle Field

mardi 4 novembre 2008, par Paulo

du solide


Voilà un album à la croisée de divers styles musicaux, "pour changer" dirons les blasés. Laisse-moi donc développer l’ami ! un peu de mythologie judéo-chrétienne d’une part, un peu d’hagiographie cinématographique française avec des références à la "belle" époque des tontons flingueurs (Volfoni’s Revenge), du corbeau à hanter des cathédrales gothiques... Ez3kiel, sans aucun doute, maitrise la technique du contenu et des références.

De même pas facile de les suivre, j’ai découvert ce dernier album dans un rayon "trip-hop" au Virgin Megastore des Champs-Elysées...
Petite parenthèse d’ailleurs, voilà un truc fascinant, l’arrangement des rayons musicaux. on peut y vivre l’expansion-contraction des différents rayons, comme des poumons gonflant en fonction des modes. - C’est beau ! - Bref, ce jour-là le rayon trip-hop me faisait un peu pitié : comment cette mouvance 90s existait-elle encore ? un rayon maigrichon d’1 m de large... avec Ez3kiel dedans. La première écoute au Virgin (quand ça marche) m’a intéressé par des sonorités électroniques recherchées. Mais au final j’ai un peu de mal à à qualifier cet album de Trip-hop...

La plupart des morceaux sont appelés à évoluer dans des atmosphères souvent obscures et oppressantes, tout à fait à l’image du corbeau qui orne la pochette. C’est ce qui donne ce côté gothique sans jamais tomber dans la caricature tout de même, on louche vers un gothique alternatif à la saucé de world music, ou encore, plus vers un Ninch Inch Nails plutôt que vers un Evanescence.

Volfoni’s revenge, grand nom de personnage de la cinématographie française, mélange un peu toutes les ambiances pour finir en une ambiance très intense avec un brin de folie jazzy.

Dans Spit On The Ashes, la folie répétitive dans le chant rappelle un peu In A Bar Under The Sea de dEUS, ce qui avec un peu de recul est à mon avis un très grand compliment. The Wedding, quant à lui, possède des airs de dramaturgie à la morricone. Le côté tr(h)ip-hop, on le trouve peut-être sur Alignment qui me rappelle le très bon album de Terranova (Close The Door).

Un album très variable donc et comme pour le prouver à nouveau, on passe d’un ambient Lull à un trash Firedamp comme pour récupérer tous les clichés du genre qui n’ont pas été utilisé sur les morceaux précédents.

En conclusion, dur, sombre à la première écoute mais dans la persévérance, cet album a beaucoup à offrir, un peu trop rococo à mon goût mais cela reste une intéressante découverte. Notons également que, pour les avoir vu à Dour, les membres d’Ezekiel sont très convaincants en concerts, un vrai champs de bataille (ahah).

une petite écoute ? http://www.myspace.com/ez3kielmyspace

    Article Ecrit par Paulo

Répondre à cet article

1 Message

  • EZ3KIEL - Battle Field 5 novembre 2008 10:58, par Mathusalem

    "Rococo", Voila, je cherchais le mot depuis juillet !
    C’est vrai qu’en plus d’une puissance musicale et mélodique certaine, régnait à Dour une atmosphère étrange, pas malsaine, mais pas primesautière non plus... Et cette projection de mécanisme d’horlogerie synchronisé aux tambours avait des relents très lointainement "Nineinchnailesques"...(Bon, c’était pas "Happiness In Slavery" non plus hein ?)...C’est du moins le ressenti que j’en ai eu.
    Dans un contexte pareil, écrire un titre dédié à deux Audiardesques ahuris proxénètes cultissimes... Fallait oser aussi...Dérision ? Choc assumé d’intérêts culturels...Différents ?
    Rococo est effectivement un bon terme...Ce qui n’enlève absolument rien aux qualités musicales, entendons nous bien...

    Voir en ligne : http://radiolibre.be/

    repondre message

  • Dark Minimal Project – Remixes

    On vous avait déjà dit tout le bien qu’on pensait du second album de Dark Minimal Project, Ghost of Modern Times. On avait décelé un cousinage certain avec Depeche Mode et c’était loin de nous déplaire. Et la ressemblance se prolonge avec ces remixes, le groupe anglais étant très friand de l’exercice. Sur la pochette, les deux protagonistes Guillaume VDR et Ange Vesper semblent avoir pris cher mais (...)

  • Factheory – Serenity In Chaos

    On avait déjà évoqué les musiques cold comme étant le pendant musical du cinéma de genre. Le groupe belge revendique d’ailleurs un statut d’artisans et d’amateurs dans l’acception de ceux qui aiment. Et on ne pourrait être plus exact. Mais n’allez pas en conclure que le résultat fleure l’amateurisme, ce n’est vraiment pas le cas parce qu’après une poignée d’EPs dont un qui avait capté notre attention, (...)

  • Dark Minimal Project – Ghost of Modern Times

    Dark Minimal Project. Rarement un nom de formation n’a sonné autant comme une déclaration d’intention. A l’instar du post-rock il y a dix ans dont les représentants qui se succédaient à une allure folle, les groupes cold-wave semblent maintenant se bousculer dans la boîte mail. On retrouve la même difficulté à les différencier, à les classer pour mieux en parler. Mais bon, s’il y a toujours un cahier des (...)

  • Zola Jesus - Arkhon

    Au début, il était facile de voir Nika Roza Danilova comme une version moderne de Siouxie mais elle a vite fait craquer ce carcan. Sans doute encore plus aujourd’hui qu’elle n’est plus seule aux commandes mais peut compter sur l’aide du producteur Randall Dunn et du batteur Matt Chamberlain qui a collaboré avec rien moins que David Bowie, Bob Dylan, Bruce Spingsteen, Of Montreal ou Rufus (...)

  • En vacances, j’ai écouté... (5) des nerds

    Ben oui, les vacances sont les vacances : ça donne beaucoup de temps pour piquer un plongeon dans la musique, mais pas trop l’envie d’en parler. Du coup, autant revenir sur quelques disques écoutés à l’ombre des cocotiers et dont, qui sait, vous me direz des nouvelles... Cette semaine, on revient sur dix albums pop-rock qui dosent l’expérimentation avec plus ou moins de savoir-faire, pour obtenir les (...)

  • Barbara Panther - Barbara Panther

    Retour vers le futur
    Méfiez-vous, les filles ! Björk a appelé et elle veut récupérer sa place. C’est qu’il y en a eu, depuis les dernières nouvelles du lutin islandais, pour occuper le poste vacant de diva conceptualiste : des vestales ferventes au tempérament de geyser, praticiennes fantasques d’une forme d’avant-garde pour le peuple, d’une pop volcanique aussi glacée en apparence qu’elle est brûlante (...)

  • The Go ! Team - Rolling Blackouts

    Tonique
    On nous bassine souvent avec les propriétés stupéfiantes des diverses boissons énergétiques inondant le marché, héritières légitimes des potions et autres élixirs que les charlatans ambulants, depuis leur roulotte convertie en podium, vendaient par caisses entières dans le vieux far west. Les bonimenteurs d’aujourd’hui, à grands renforts de promotions télévisées, voudraient à leur tour nous (...)

  • Maximum Balloon - Maximum Balloon

    Renard des surfaces
    Faut-il disserter sur ce disque estampillé David Sitek, architecte sonore pratiquement institutionnalisé, que ce soit au sein de TV On The Radio ou aux manettes d’une poignée d’albums toujours recommandables ? Et si oui, se pose la question de savoir quelle problématique élaborer face aux nombreuses réflexions que suscite cette escapade. Doit-on reposer la question de savoir où (...)

  • Trounce - The Seven Crowns

    Partons du principe que vous êtes aussi béotien.ne que moi. Le blast-beat est une technique de batterie qui superpose des doubles croches effectuées aux pieds et aux mains à un tempo élevé pour créer un mur du son. Bref, un hénaurme roulement de batterie supporte tous les morceaux, en permanence. Comme une fin de morceau épique qui durerait 44 minutes. A l’instar d’une plongée dans de l’eau un peu (...)

  • Evangelista - In Animal Tongue

    Beauté monstrueuse
    Parmi les labels chouchous des amateurs d’indé exigeant, nul doute que la maison canadienne Constellation fait partie des mieux cotées, que ce soit pour sa contribution à l’envol du post-rock ou son intransigeance. Connue – façon de parler – pour être la première artiste allochtone à s’y faire embaucher pour un CDI, Carla Bozulich s’est depuis lancée dans une pléthore de projets dont (...)

  • Wu Lyf - Go Tell Fire to the Mountain

    Much ado about nothing
    On va tout de suite se calmer. Dans une première moitié de 2011 qui proclame davantage la bonne forme des talents confirmés qu’elle ne révèle de nouvelles têtes essentielles, le premier album de Wu Lyf était attendu comme le messie par une horde de zombies en manque de chair fraîche et prêts à enfoncer des portes (ouvertes) au premier murmure de la hype. Ça, pour sûr, (...)

  • Faust - Something Dirty

    Canal historique
    Des guitares zèbrent le ciel, le clavier tombe en pluie, une voix perce le brouillard. Vous l’aurez remarqué, la météo n’est pas au beau fixe et les amateurs de cartes postales ne sont pas à la fête. I Lost The Signal propose ainsi pour un blues ralenti et tendu un peu inquiétant par la voix vénéneuse de Géraldine Swayne. Something Dirty ménage d’autres surprises, comme son introduction (...)