lundi 27 octobre 2008, par
La transformation de l’essai et du groupe
Parmi le haut du panier de ces groupes qui peuvent brasser les styles les plus balisés pour en sortir un mélange unique et personnel, il ne faut pas oublier Deerhunter. Après un premier album hallucinant qui mêlait les ténèbres de Joy Division à la dream-pop la plus éthérée, on salivait de retrouver ce groupe d’Atlanta. Point de vue crédibilité indie, leur leader Bradford Cox est à son top, c’est même ce sympathique gaillard à l’allure de Nosferatu qui improvisait des interviews pour Pitchfork, ce genre. Le garçon nous a d’ailleurs gratifiés d’un album solo cette année, sous le nom d’Atlas Sound. Et il est plus qu’utile de s’y être frotté pour appréhender convenablement ce second LP du groupe.
C’est que ce Microcastle (et son prolongement Weird Era Cont.) ressemble plus souvent à un prolongement touffu de l’aventure solo de Bradford Cox. Les intermèdes ne sont plus maintenant des exercices ambient sombres, mais des petites vignettes éthérées.
Comment cela passera-t-il la rampe de la scène ? On sait que Deerhunter en live, c’est un implacable mur du son difficilement compatible avec de purs moments en apesanteur qui dégagent du talent, certes, mais aussi un peu d’ennui pour les impatients ou si l’état d’esprit est moins enclin à la dose d’abandon nécessaire. Mais qu’on se rassure, ces moments sont toujours très courts. En plus, il suffit juste d’y être disposé. La plage titulaire peut se révéler d’une tenace accroche. Dans sa languide introduction uniquement accompagnée d’une guitare comme dans sa résolution plus enlevée, ce sont les deux pôles de l’album qui sont proposés en un seul morceau.
C’est donc un passeur vers les musiques plus ‘floues’, ces eaux si mal délimitées du weird folk. C’est qu’on retrouve ici sur les morceaux plus rêveurs l’influence de groupes comme Animal Collective. C’est cet enchainement de morceaux plus déconstruits qui peut faire perdre le fil en milieu d’album. Dans un tel contexte, Nothing Ever Happenned prend un relief tout particulier. On y retrouve la tension et les guitares libres du krautrock, mais avec moins de noirceur que l’an passé, plus de mélodies. C’est sans doute un des morceaux phares de l’année, à l’intersection de tellement de choses digérées (kraut, dream, cold,...) qu’il en devient unique. Fans de My Bloody Valentine, vous voilà prévenus.
Dans le même ordre d’idées, on a la sensation étrange de Velvet new-wave (Saved by Old Times dont les voix peuvent aussi renvoyer à Sonic Youth). Je sais, Velvet et new-wave ça se dit Jesus and the Mary Chain mais l’aspect est ici nettement moins sombre et tendu que les divagations de shoegaze froid des Anglais ou de leur précédent Cryptograms. Le nouveau Deerhunter tire donc dans des directions différentes. Ils capitalisent notamment sur ces moments où sur quelques paroles répétées, on plonge dans une musique rien moins qu’envoûtante (Little Kids). C’est dans l’ambiance cotonneuse, alors que ces gimmicks ne se révèlent pas envahissants, que les variations se font plus subtiles qu’initialement pensé.
Comme le dernier LCD Soundsystem, l’album se termine par une espèce de slow. Mais contrairement à la tentative assez peu engageante de James Murphy de se muer en vrai chanteur, Twilight at Carbon Lake se termine dans un chaos des plus réjouissants.
Moins sombre, mais tout aussi vénéneux, ce second album de Deerhunter profite des expériences de son leader Bradford Cox avec Atlas Sound. Mais en gardant les guitares, les murs du son occasionnels, il se pose comme supérieur à l’exercice solo. C’est donc un jalon de plus dans le brouillage de pistes de ce décidément grand groupe.
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