lundi 20 octobre 2008, par
Le buzz pour tous
Une bonne habitude qu’on a pris, c’est d’écouter attentivement un groupe dont on parle par ailleurs (sans doute pas en couverture de votre périodique favori mais quand même), avant de se laisser emporter et de colporter du buzz injustifié. En outre des légitimes qualités intrinsèques de ce trio féminin de Brooklyn, il y a quelques caractéristiques des tendances qu’il serait dommage de passer sous silence.
Qu’on le veuille ou non, nous sommes en 2008 et chaque groupe traine une kyrielle de références, de par les strates qui se sont formées dans la musique pratiquée. Souvent même, c’est à l’insu, voire même au corps défendant des intéressés. Je ne doute pas une seconde de la sincérité de ces filles et leur énergie semble dénuée du moindre cynisme mais avec le recul facile de celui qui n’a pas été le premier sur la balle, on peut distinguer les quelques caractéristiques qui peuvent valoir l’approbation d’une certaine frange des médias, puisqu’on peut maintenant admettre que la blogosphère en est une partie. Un peu marginale, certes, mais qui obéit à certains codes. Il y a le principe du trio féminin qui fait du bruit, ce qui est intrigant d’entrée. A l’instar d’un No Age plus tôt dans l’année, il y a cette volonté de recycler plusieurs générations de son garage, en passant par les expérimentations de My Bloody Valentine. Et le tout dans un format pop (les mélodies) très court puisqu’il y a 10 morceaux en moins de 22 minutes (soit un morceau standard de Godspeed You ! Black Emperor) et accrocheur, comme The Dodos ou High Places dans un autre genre cette année. Et puis il y a comme chez tous les groupes cités une certaine volonté de proposer des chansons dans des atours qui ne leur étaient peut-être pas destinés.
Et puis il y a le son, comme une mauvaise démo volontaire. Enfin, pour avoir reçu des cassettes démo de groupe punks il y a une quinzaine d’années, les standards ont bien changé. Même si c’est un groupe sensé débuter, ce qui est intéressant, outre les chansons, c’est le mixage. Il y a clairement encore des avancées possibles dans ce domaine-là. Et je ne veux pas parler de la course aux armements ou à la compression. Ici, la voix est très en arrière en général. En fait, tout semble sous-mixé, phénomène que je me bornerai à constater. Mais comme il y a des mélodies jusqu’à ras bord la couche de son ne les recouvre pas vraiment. Le bordel est ici non seulement assumé mais revendiqué. Ca doit d’ailleurs l’être assez en live.
All The Time qui commence l’album sans tergiversation pourrait être une balade folk. Il n’y a qu’à essayer. Mais elle est sans doute plus efficace en l’état, c’est-à-dire brute de fonderie (les références métallurgiques, je sais que ça le fait à mort…). On pense presque au beach-rock pour Such A Joke, et le côté « pied au plancher » a un véritable charme, même si le tempo se ralentit un peu de temps en temps (Where Do You Run To qui apparaît comme presque kilométrique avec ses 3’15’’). Mais elles peuvent se borner à dire ‘No’ pendant les 1’19 que durent le morceau qui s’appelle, c’est à peine croyable, No. Au total, c’est frais, aérien, éreintant. Non, ce n’est pas incompatible
C’est, vous l’avez compris, un peu jubilatoire. C’est ce que m’inspire cet album d’un point de vue pas analytique, c’est-à-dire dans le cadre d’une écoute sans prise de tête, donc les conditions recommandées. Vous risquez passer un bon et court moment revigorant. C’est déjà pas mal par les temps qui courent. Comptez quand même un petit temps d’adaptation à cette conjonction mélodies et de bruit.
Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)
On a fatalement un panthéon de groupes indés attachants. Et tout en haut figure cette formation du Minnesota. On pourrait aussi citer The Rural Alberta Advantage ou Port O’Brien au sein de cet aéropage héritier d’une époque où l’engagement total était un style en soi. Le résultat est un charme fou lié à cette intensité réelle.
Hors mode donc mais leur inclination pro-climat, leur volonté de (…)
Prendre son temps pour écrire une critique de Loma, ça tombe sous le sens tant la richesse ce troisième album nécessite un certain approfondissement. Même si on fréquente musicalement Jonathan Meiburg depuis 20 ans, découvrir un album de Shearwater ou Loma n’est jamais anodin et il faut un temps pour que toutes ses subtilités se dévoilent. Il en a été de même ici. Petit rappel des faits, Loma (…)
Ça fait belle lurette que le style de John Grant a évolué, et on ne cherche plus depuis longtemps des traces de son fantastique Queen of Denmark. Mais on sait aussi que ce qu’on a aimé à l’époque se trouve toujours sous une forme différente. On le découvre au détour du son profond de Marbles par exemple.
Triturer sa voix est un choix étrange quand on sait à quel point c’est un de ses atouts (…)