mardi 2 décembre 2008, par
Salade de saison
Un conseil avisé (merci Mathusalem), une écoute alléchante sur myspace et hop, on se procure un album. On est quand même bon public des fois. Et on se retrouve dérouté, parce que c’est plus policé que ce à quoi on est habitué.
Ce Such Fun commence pas mal du tout avec un Confessor qui pourrait avec son côté de pop imprévisible faire penser aux Shins. Le groupe réfugié à Portland, Oregon, est sans doute la comparaison la plus sympathique qu’on pensera à faire pour ce second album des Annuals. On la déballe pour la voix sur la fin de Springtime par exemple. Malheureusement, la pop précieuse et inspirée de la bande à James Mercer ne se voit pas reproduite ici.
Hot Night Hounds nous oblige à prononcer le mot progressif. C’est que l’alternance de passages rocks et de piano est rien moins qu’empruntée à cette longue tradition, tout comme ces mélodies parfois alambiquées. C’est sans doute ce qui me le rend un peu moins sympathique. C’est qu’au lieu de la délicatesse d’un The Acorn (juste pour fixer les idées) on a un côté plus ampoulé et démonstratif ici. Ce n’est aucunement péjoratif, je constate juste que j’y suis moins sensible.
Mais il y a des bons moments évidemment. Comme la délicatesse d’un Springtime déjà mentionné qui évidemment morceau évolue. Mais le tout est un peu pompier, ce que la pochette kitsch pouvait laisser entrevoir, encore que ce ne soit pas une manière de déduction fiable. Si pour vous Sky Blue Sky de Wilco et le dernier Band Of Horses sont deux albums qui vous ont plu, vous pouvez sans crainte découvrir ces Annuals. Vous y découvrirez de la steel guitar comme elle est utilisée dans une frange pas toujours passionnante de la musique américaine (Always Do), de même qu’un côté country propre sur soi pour Down The Mountain. C’est là qu’on peut penser à un Wilco un peu euphorique ou un Bright Eyes décidé à faire dans le joli. A l’inverse, ils chassent parfois sur le terrain de Cursive (Talking) en moins mordant. Donc un peu plus lisse. C’est qu’il y a de jolies choses délicates comme The Tape mais ça l’est encore un peu trop. Et certains morceaux sont quand même à deux doigts du mièvre (Blue Ridge, Hardwood Floor), manquant d’un peu d’intensité et de fièvre.
Dans les musiques ambitieuses et amples, ma préférence va à l’émotion pure, plus qu’à un aspect joli. C’est pourquoi cet album des Annuals m’a un peu laissé sur ma faim. En dépit d’évidentes capacités techniques, il est un peu trop lisse pour vraiment me faire succomber. Il n’en reste pas moins que dans la mise à jour d’un Americana propre sur soi, c’est un choix pertinent.
Article écrit par