mardi 16 décembre 2008, par
Comme tout le monde
Espérer ne rien avoir raté d’essentiel, voilà l’angoisse du critique quand point le mois de décembre. Parmi les suggestions répétées figure ce Bon Iver. Etait-il le bonheur musical annoncé ? Est-ce une imposture sans nom ? Vous savez compter des étoiles, alors je ne vais pas tenter d’attiser un hypothétique suspense. On a beau vouloir se méfier des réactions trop unanimes, des réflexes trop conditionnés, il faudrait un manque de sincérité assez poussé pour que je dise que je n’ai pas aimé.
Après s’être séparé de son groupe et sa copine, Justin Vernon (la seule personne à bord derrière la composition et l’écriture de Bon Iver) s’est réfugié dans le Wisconsin pendant trois mois pour accoucher de ce For Emma, Forever Ago. On sent d’ailleurs cette intimité. Mais pas le misérabilisme que la solitude pourrait imposer. C’est ce qui rend cet album fondamentalement honnête et travaillé aussi humain.
Les neuf chansons sont donc moins dénudées qu’on pourrait le penser de prime abord. Dès Flume, les sons arrivent de partout, d’origine assez floue d’ailleurs. Mais c’est sur un morceau comme Team que l’originalité se fait le plus flagrante. Basse lancinante, batterie imperturbable, chœurs mystérieux, tout est en place pour qu’un morceau de transition relance l’intérêt (lequel n’avait pas fléchi du reste). Alors, oui, c’est classique, c’est antirévolutionnaire au possible. Mais c’est rempli à ras-bord de morceaux intimes mais jamais geignards (la voix l’est un peu cependant). La voix, d’ailleurs, est assez particulière, évoluant dans un registre plus aigu que les habituels hurleurs au clair de lune. On dirait que Tunde Adebimpe de Tv On The Radio s’est mis au folk. Le résultat est en tous cas assez personnel.
Difficile même de faire ressortir des titres. Même si Skinny Love et For Emma sont de sacrés moments, prenants où ça fait du bien d’être pris. Ce sont eux qui ont été le plus diffusés de toute façon. Et si vous avez été séduit par eux, n’hésitez pas, prenez le pack familial complet, satisfait ou remboursé. Ils nous quittent sur un grand morceau (re :stacks) qui n’est pas sans évoquer les heures calmes de Sufjan Stevens. Le spectre d’Eliott Smith n’est jamais loin non plus, surtout quand la pulsation se fait plus présente (Lump Sum)
Il faut aussi avouer qu’on est aussi parfois à deux doigts de l’ennui comme dans les vrais classiques, littéraires, cinématographiques ou musicaux. Etrange que ce ne soit même pas perçu comme rédhibitoire. Ce n’est qu’un petit passage qui nait de la relative uniformité mais on est tellement loin de tous les artifices que cet album durera, c’est presque une certitude. Il est de ces albums de garde comme les deux premiers de Sophia qui me sont instantanément revenus en mémoire même s’ils n’ont en commun que la folle intensité. SI vous voulez vous singulariser et ne pas aimer cet album, la solution est simple : ne l’écoutez pas.
Article Ecrit parOn associe depuis toujours Sharon Van Etten à Shearwater. Outre un copinage qui les a vus partager la scène le temps d’une tournée et de quelques morceaux, il y a cette pureté, cette émotion affleurante qui émeut sans autre forme de procès. C’est un don que certains artistes ont. S’ils parlent tous peu ou prou d’eux-mêmes, certains semblent parler à chaque auditeur en particulier.
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