mercredi 18 février 2009, par
Art et essai et erreur
Il n’est jamais trop tard pour le dire, mais je ne suis pas un inconditionnel de Beirut. J’ai beau compter Postcards From Italy comme une des plus belles choses jamais enregistrées, et avoir un gros respect pour le boulot abattu surThe Flying Club Cup qui doit beaucoup à Owen Palett, je ne sombre pas d’office pour le moindre éternuement de Zach Condon. Une prestation en demi-teinte (il était malade aussi) au Bota ne m’a pas fait définitivement chavirer. C’est pourquoi aucun album n’a jamais fait partie de mes classements de fin d’année par exemple. Mais cela ne m’empêchera pas d’aller le voir au Cirque Royal au mois de mai.
Ce projet est un peu étrange, puisqu’il est l’assemblage de deux EP’s. Le premier (6 titres) accompagné de l’orchestre mexicain Teotitlán del Valle et le second, plus électronique, le voit reprendre le nom de Realpeople, un des pseudos de Zach Condon datant d’avant Beirut. L’ensemble étant clairement séparé en deux dans ses intentions et ses résultats, la critique se fera fatalement en deux temps aussi.
Sur le premier volet, La Llorna m’a demandé quelques écoutes pour en percevoir tout le potentiel. Sans aucun doute, c’est un de leurs meilleurs morceaux, tous albums confondus. La majesté y est supérieure, classique presque. Les autres comme The Akara sont inspirés comme du Beirut classique, mélancoliques et singularisés par le vibrato de Zach Condon. On est quand même plus proches de l’aspect plus brut et humain du premier album que de la finesse du second. Le fait que l’influence se soit déplacée vers le Mexique n’est qu’anecdotique tant elle se fond bien dans son univers.
Un synthé bien cheap (en politiquement correct, on dit vintage, je sais) annonce un changement à partir de My Night With The Prostitute From Marseille. Le morceau est loin d’être médiocre, mais ce sont les sons qui m’ont laissé perplexe. On dirait que son approche est teintée d’une grande candeur, ou alors d’un manque de culture en la matière. De même, il garde cette vision naïve et fantasmée d’une France pittoresque.
Reconnaissons l’envie de ne pas se laisser enfermer dans un système, mais force m’est de constater que ses incursions hors de la musique de fanfare ne convainquent pas. Parce que son vibrato systématique rend si bien avec un traitement, disons… balkanique, que quand il se risque à le poser sur la bande ultra-répétitive de My Wife, Lost In The World ou Venice, on reste plus que circonspect par le résultat répétitif et un brin ennuyeux. En général, je travaille sur plusieurs critiques en même temps, ce qui implique d’avoir des albums différents à haute rotation, d’où parfois des télescopages assez cocasses ou des comparaisons un peu difficiles. Donc, l’electro-pop cheap de Beirut contre la pop raffinée d’un Loney, Dear ou le foisonnement d’un Dan Deacon (on en reparle), c’est un peu cruel comme apposition. Parce qu’il se déplace sur leur terrain.
Sans doute qu’on se laisse influencer par ce qu’on connaît de lui pour moins aimer ceci, mais il y a surtout qu’en matière d’electro et d’electro-pop, on devient un peu exigeant. Et l’easy-listening de No Dice est rien moins que grotesque si, trois étages au-dessus, on le compare à un Nathan Fake. Il a sans doute surestimé la versatilité de son indéniable talent sur ce coup-là. On n’est pas allergiques au changement, loin de là, considérant même qu’il s’agit d’un carburant indispensable de l’artiste. Mais ici, on sent qu’il s’éloigne de ses qualités. Ceci n’est qu’un EP, ce n’est donc qu’un coup d’essai, mais on peut d’ores et déjà lui dire que ce n’est pas ceci qui va nous bouleverser. Même s’il y a des éclaircies sur cette seconde partie. Sur The Concubine, les sons acoustiques confèrent à ce morceau un côté plus lancinant et donne un espoir d’évolution réussie.
Reconnaissons-le, Zach Condon essaie de ne pas se laisser enfermer dans un carcan ronronnant qui lui garantirait un succès facile. Cette paire d’EP vient de le confirmer. Mais, si le premier volet séduit, surtout ceux qui connaissent déjà son univers, le second montre que la reconversion ne sera pas facile et on mêle alors les pas de côté encourageants et le ratage le plus patent. Mais n’oublions pas son jeune âge et son talent pour conclure que se rendre compte de ce qui marche et de ce qui marche moins. Son discernement doit maintenant décider. Nous resterons à l’écoute quoiqu’il en soit.
Article Ecrit parOn associe depuis toujours Sharon Van Etten à Shearwater. Outre un copinage qui les a vus partager la scène le temps d’une tournée et de quelques morceaux, il y a cette pureté, cette émotion affleurante qui émeut sans autre forme de procès. C’est un don que certains artistes ont. S’ils parlent tous peu ou prou d’eux-mêmes, certains semblent parler à chaque auditeur en particulier.
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