mercredi 18 mars 2009, par
La tueurie de l’année ?
Les quatres membres, Crazy B, Little Mike, DJ Need et DJ Pone, de Birdy Nam Nam [1] sortent en ce début d’année leur second album, produit par du "beau" monde, Yuksek et Justice.
Ces champions du monde par équipe de turntablism au concours DMC en 2002 (la même année que le talentueux japonais DJKentaro en solo) avaient sorti un premier album prometteur d’abstract Hip-Hop. De bonnes ambiances, du bon son haché par les techniques de turntablism, c’était tout de même un peu trop "spasmodique" à mon goût. Bien sûr le collectif est original, imaginez quatre gaillards face à leur platine, mixant tous en synchro divers boucles provenant de vinyles, ça vaut la peine d’être vu...
.. et ça peut mettre l’ambiance, surtout si c’est produit par les populaires Justice et un remixeur à la mode Yuksek (qui sort par ailleurs également un album, un justicieux Away From The Sea).
Alors qu’advient-il de ce mélange ? Et bien ils n’ont pas vraiment pris le pire de chacune des parties. Bien au contraire, c’est le sampling côté BNN et le côté direct des producteurs. C’est tout bon, bye bye le côté boring et le scratch intensif ainsi que l’electro bling bling des producteurs, au sortir de cet opus, on a un Justice (ou un Yuksek) plus organique et plus guerrier. Bref c’est ce qui frappe avant tout à l’écoute de cette plaque, c’est ce croisement entre la clique Ed Banger, du hiphop et une electro plus anglo-saxonne en pensant à des constructions à la Zerodb ou Diplo.
Du côté des morceaux, on retiendra le Trans Boulogne Express, sorti en version EP en 2007, sorte de version punchy évoquant le titre 80s de Kraftwerk. A mon avis, ce titre sample le morceau Native Love de Divine, cet artiste transformiste également des 80s. Y aurait-il là un jeu d’idées expliquant la dénomination Trans Boulogne Express ?
Red Dawn Rising en intro fait le boulot et monte la sauce dans les derniers instants. La plage titulaire Manual For Successfull Rioting est dans une même veine évolutive avec un groove très rude, de quoi provoquer une mouvance stomacale.
D’autres titres se font plus en douceur, mélodique ou hypnotique. Il se dégage ainsi une sorte d’alternance, un équilibre assez bien fait sur la longueur. L’ensemble me rappelle Leftfield pour ce contraste. C’est le genre d’album que l’on a envie de voir en concert-soirée, des moments intenses et hypnotisant et de réels moments d’excitation.
Du côté des bombes, il y a encore War Paint ou Worried. Puis il y a les clins d’œil, voire des appels de phares, côté sonore, à Daft Punk sur Homosexuality et The Parachute Ending, pour cet usage de synthé cheap. The Parachute Ending possède par ailleurs une intro à la BoyzNoise.
Si cet album est bien emballant, d’une belle homogénéité acoustique et d’une ambiance équilibrée, on peut tout de même se poser des questions sur la démarche artistique du collectif. En effet, cet album ressemble beaucoup moins à l’ouvrage d’un collectif de 4 turntablistes en action comme l’était leur premier album éponyme. Dès lors, ont-ils changé leur méthode ? Comment s’est établi le rapport créatif entre les producteurs et le collectif ? Et comment vont-ils retranscrire cela en live ? Quoi qu’il en soit, il faudra être sur le dancefloor !!
Article écrit par[1] Le nom Birdy nam nam est tiré de l’expression utilisée par un Peter Sellers maladroit dans le film The Party dans lequel il joue un acteur indien perdu une party Hollywoodienne.