Accueil > Critiques > 2009

The Veils - Sun Gangs

jeudi 9 avril 2009, par marc

Label de qualité


The Veils revient. Ces trois mots m’ont tenu en haleine depuis un petit temps déjà. Après The Runaway Found et Nux Vomica, Sun Gangs allait-il s’octroyer comme les deux autres une place dans mon panthéon personnel ? Première constatation, on n’a pas de claque cuisante à la première écoute. Mais ce n’est pas important, je le sais maintenant après de très nombreuses autres. A l’instar de certains Shearwater et autres Okkervil River, ce groupe ne peut plus vraiment décevoir et on se retrouve sans s’en rendre vraiment compte à considérer sur la longueur ce Sun Gangs comme un des albums marquants de cette année qui tout doucement fait plus que débuter.

Dès le premier morceau Sit Down By The Fire, on a ce mélange de balade acoustique, d’ampleur instrumentale, de musique jouée avec l’âme, et cette voix si attachante d’Andrew Finn (rien à voir avec un des bons albums de cette année) qui sont au rendez-vous. On se détend, le bon moment annoncé aura bien lieu.

Et on se voit obligé de dégainer U2 comme point de référence occasionnel. Mais la variété et la foi sont encore présentes. C’est ce qui les rend plus sombres et plus passionnants qu’un banal Coldplay. Plus pertinente et gratifiante est la parenté avec Nick Cave. Les voix de Finn et du ténébreux Australien ne sont évidemment pas comparables mais dans les éructations, l’aspect parfois mystique de certains morceaux, on retrouve la même ferveur. La comparaison est cependant ici moins littérale que sur Nux Vomica qui exploitait plus profondément ce rock de bastringue écorché et envoûtant. Les montées en profondeur se font plutôt en dégainant d’impeccables guitares comme sur The Letter ou Three Sisters.

Evidemment que je vais être plus exigeant avec un groupe qui est quand même dans la tête de liste de ce que j’aime écouter. Alors, des morceaux qui sont « seulement » de bonne facture comme Scarecrow ou Begin Again touchent un peu moins mais trouvent leur place en donnant de l’équilibre à l’album. L’équilibre est d’ailleurs une des qualités essentielles de Sun Gangs, qui comme les autres enchaine avec une belle santé claque et caresse. Le spectre balayé est donc plutôt large. Le long Larkspur ou le plus déstructuré Killed By The Boom par exemple montrent leur penchant pour le violent, les sentiments extrêmes et la musique qui va avec. Et comme Finn apparaît hanté parfois comme du David Eugène Edwards (16 Horsepower, Woven Hand), on peut dire que tout ce qu’il fait peut être marqué au sceau de la puissance intime. Sinon, la balade constitue toujours une part du fonds de commerce, mais elle n’est jamais mièvre, et mise à toutes les sauces. Du charmant (The House She Lived In) comme Advice To The Mothers To Be à des choses plus denses et atmosphériques quand la voix est laissée en compagnie d’éruptions de guitare en arrière-plan (It Hits Deep) en passant par la facilité du piano de la plage titulaire. Sinon, les étiquettes ne sont pas vraiment faites pour ce groupe. Rock intense, ça vous va ?

Disons-le, The Veils reste un groupe essentiel, et les différentes voies qu’ils explorent sans jamais se fourvoyer montrent qu’ils sont là pour longtemps, pour notre plus grand plaisir. Je ne peux pas m’empêcher de penser que cet album est moins marquant que les deux précédents mais c’est aussi un album subtil dont le plaisir dispensé croit avec le nombre des écoutes. The Veils, c’est maintenant autant un groupe que simplement un album de qualité, une valeur refuge qui résiste aux modes sans jamais cesser d’évoluer.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Gina Eté - Prosopagnosia

    How come you, too, assume your opinion counts ?
    Si cette phrase eut être rude si elle est adressée à un critique du dimanche comme votre serviteur, il prend une autre dimension quand il traite du droit des femmes à disposer de leur corps. Parce que chez la Suissesse Gina Eté, le fond est consubstantiel de la forme. Et cette forme prend encore de la hauteur après un premier EP et un album qui (…)

  • Daydream Three – Stop Making Noise

    ‘Si ça va trop vite ou trop fort, c’est que vous êtes trop vieux.’
    C’est ce que veut l’adage et l’Italien Enzo Pepi a décidé de le prendre à contrepied, intitulant son album d’une réflexion souvent entendue. Mais on se doute qu’on lui fasse encore la remarque. Surtout que de fureur il n’est finalement pas question ici. Ce vétéran italien de la scène rock/noise utilise la distorsion, certes, (…)

  • Lazy Day – Open The Door

    On avait appréhendé l’univers de Lazy Day à travers un morceau à la fois rêveur et tendu. Concrete dégage un charme qui nous rappelle notre attachement à Broken Social Scene et on le retrouve ici mais ce n’est qu’une des nombreuses facettes développées par Tilly Scantlebury (de Londres). Ce qui déconcerte, c’est précisément de ne pas être plus déconcertés quand on fait le détail qui balaie (…)

  • Andrew Bird & Madisson Cunningham – Cunningham Bird

    Il semble qu’Andrew Bird puisse disputer à Rufus Wainwright le prix de la dispersion des envies musicales mais on peut aussi dire avec un peu de certitude que le premier l’emporte dans l’intérêt de ses projets parallèles. Après avoir exploré l’ambient in situ avec ses Echolocation et sa relectured’Inside Problems et attaqué des standards de jazz, le voici qu’il s’allie à Madison Cunningham (…)