mardi 5 mai 2009, par
La crise du crédit
C’est étonnant comme la crise du crédit peut prendre des formes inattendues, au moins dans ses analogies. Il faut quand même que je vous dise que c’est via le biais du très atypique (et très réussi) Digital Ash In A Digital Urn de Bright Eyes que j’avais abordé l’abondante discographie du pourtant toujours jeune Conor Oberst. Puis ce furent le live et le jumeau folk I’m Wide Awake, It’s Morning qui ont confirmé le talent énorme du garçon. De ce dernier album, écoutez Road To Joy ou testez votre cœur de pierre ici par exemple. Mais comme dans la crise des subprimes, la confiance s’est érodée pour arriver à cette constatation qu’on ne suivra peut-être plus le bonhomme d’aussi près. Voyons où il en est après un album de Bright Eyes moyen et un album solo moyen.
Première constatation pour un projet à tendance ‘solo’, tout n’est pas chanté ni composé par Conor Oberst. C’est sans doute bénéfique à la dynamique de groupe, et les morceaux ne sont pas indignes loin de là, mais les voix plus et le songwriting plus classiques enlèvent toute entorse à la convention. Ces morceaux-là sont donc moins intéressants. Sans eux, la cote aurait grappillé une étoile sans effort. Evidemment, certains s’en sortent bien comme Nik Freitas (Big Black Nothing, Bloodline) sans toujours se hausser au niveau du leader. Le fond est atteint au bout de l’album avec un Snake Hill chanté de façon tellement convenue et sirupeuse qu’on referme cet Outer South sans regret.
De Conor je préfère les moments les plus simples (White Shoes), moins noyés de steel et autres Hammond. Ce sont ceux-là qui marchaient sur son album solo de l’an passé. D’ailleurs, les deux manières peuvent cohabiter dans une même chanson (To All The Lights In The Windows). D’une manière générale, l’abattage d’Oberst est à même de sauver la mise (Roosevelt Room, I Got The Reason). Mais même le maitre de maison peut livrer de bien mièvres choses (Cabbage Town) malgré son interprétation est toujours identifiable. On peut même tenter la comparaison directe puisque Eagle On A Pole est chanté ici par Jason Boesel alors qu’une plus sobre et engageante version était présente sur l’éponyme album d’Oberst.
Comme il y a plusieurs interprètes sans que le genre ne varie d’un iota, on a l’impression d’être arrivé par hasard sur une des radios thématiques qui fleurissent outre-Atlantique. Essayez de vous concentrer sur Difference Is Time, comme ça pour voir. A la rigueur, ça peut servir à ré-étalonner votre mièvromètre. Vous avez donc de la musique pour longues lignes droites aux drastiques contraintes de vitesse maximale.
Quand ils injectent un peu de joie de vivre au chausse-pied ce n’est pas fabuleux. Air Mattress est même limite entre soli décoratifs et des sons electro cheap. C’est sans doute le menu trop copieux (16 titres) qui amène ces dispensables moments.
Pas désagréable à écouter, cet album est celui qui me verra pourtant prendre mes distances avec Conor Oberst. Depuis la paire gagnante Digital Ash In A Digital Urn/I’m Wide Awake It’s Morning, il n’a fait que glisser vers le plus convenu. Que ce soit avec Bright Eyes, tout seul ou avec ce Mystic Valley Band. De songwriter essentiel, l’âge adulte l’a fait virer vers plus de rondeur, gommant les aspérités, enrobant ses chansons dans plus d’atours country-folk passe-partout qui confinent souvent à la banalité.
S’il n’est pas immédiatement associé à une scène folk historique, le pédigrée de Rufus Wainwright ne laisse pas de doute. Il est le fils de Loudon Wainwright III et Kate McGarrigle (chanteurs folk proches de la scène de Laurel Canyon) après tout et tant qu’à rester en famille ses sœurs Lucy et Martha sont là, sa tante Anna McGarrigle aussi. Mais ce n’est pas vraiment un album familial pour autant, il y a (...)
Oui, Clara Engel nous revient déjà. Mais c’est surtout parce qu’il nous avait fallu du temps pour faire le tour de Their Invisible Hands. On connait maintenant l’univers de l’artiste canadienne et on se sent tout de suite chez nous. Eloge de la lenteur, du recueillement, il pousse à la contemplation et à reprendre le contrôle du temps. Donc il faut aussi la bonne disposition. Tout comme on n’entre pas (...)
On ne va pas se mentir, il faut une petite adaptation à l’entame de ce nouvel album de Dan San. Eux qu’on avait vu évoluer d’un folk ample à un folk puissant avant d’incorporer des éléments plus psychédéliques. La trajectoire vers toujours plus de légèreté ne sera pas infléchie par ce troisième album.
Les voix ne sont plus aussi typées, même si elles poussent encore parfois à l’unisson. On pense même (...)
On n’a qu’une chance de faire une première bonne impression. C’est via un album soyeux qu’on écoute encore beaucoup 20 ans après qu’on a fait connaissance du talent tellement attachant de Leslie Feist et on n’a jamais décroché parce qu’elle ne nous a jamais déçus non plus.
On n’a qu’une chance de faire une première bonne impression. Et c’est avec le délicieusement psychédélique In Lightning qu’elle revient (...)