mercredi 27 mai 2009, par
Fumez l’herbe des champs
On en voit des vertes et des pas mûres de nos jours, et nos oreilles curieuses ne sont sans doute pas au bout de leurs surprises. C’est ce qu’on se dit d’emblée en entendant un solo bien tordu (genre pas composé par Gilmour), puis des voix ensemble mais loin dans le mix entonnant une mélodie pop telle qu’en composent Essex Green pour fixer les idées des gens à qui ça évoque quelque chose. Ce Songs Of Shame part donc de bien curieuse façon.
Mais la guitare peut relativement se maitriser, et le temps d’un September With Pete, on se croirait revenu dans une des BO composées par Pink Floyd pour Barbet Schroeder (More et Obscured By Clouds). Cette Jam tendue, qui évolue vers ce que Can faisait à la même époque, s’étire tout de même sur près de 10 minutes. Si cette référence est assez employée, les groupes influencés par ces Allemands vont plutôt prendre leur côté hypnotique (Fujiya & Miyagi, Caribou, LCD Soundsystem) que les guitares en liberté qui ont aussi cours ici. Si vous ne vous êtes jamais frottés aux maîtres teutons, ceci pourra vous déconcerter. Dans le cas contraire, ce sont d’agréables réminiscences de Tago Mago ou Ege Bamyasi qui referont surface.
Mais Woods n’est pas un groupe de revival kraut, loin s’en faut même. Parce qu’à l’instar de The Acorn ou autres Port O’Brien, il y a plusieurs tonalités chez eux, et ils arrivent à les mêler au sein d’un même morceau. Heureusement, les titres à la structure plus conventionnelle sont aidés par une mélodie réussie et des sons de guitare assez psyché seventies (une constante sur l’album) sur un tapis de son un peu crade qui finalement leur convient bien et les inscrits dans notre époque (Military Madness). On se dépare donc rarement de ce ton ‘flottant’ (Down This Road, Born To Lose) qui a la cote chez une certaine catégorie indie (Vivan Girls, ce genre)
Le fonds de commerce, finalement, est varié mais on retrouve facilement quelques figures tutélaires. Avec des suites d’accords simples, une voix haut perchée, une guitare en liberté et on n’est plus très loin de Neil Young (Rain On). Mais une fois qu’on a compris qu’ils savent jouer, les guitares dissonantes qui font diversion au fond du mix semblent un peu ‘forcées’. Au contraire de leurs penchants pour le folk pastoral qui percent de temps à autres pour une une ambiance détendue et lumineuse (le très happy hippy Gypsy Hand). Si vous voulez briller dans les dîners en ville, on a inventé l’étiquette de « new-age rock » pour ça.
Il y a ceux qui suivent l’orthodoxie d’un genre et puis il y a les petits malins qui essaient d’en détourner les codes. Vous avec compris que ce groupe est de ceux-là. En plein dans la vague de folk pastoral par certains aspects mais bien trop riche et variée pour y être associée, ces petits malins ont su mêler un étrange son personnel, à la fois vintage seventies et art-rock actuel à des compositions plus classiques mais qui en deviennent assez originales. Dans la turbulente scène de Los Angeles qui par ailleurs alterne bruit intéressant et art-punk casse-tête (Wavves, No Age, Health…), voici sans doute la forme la plus déroutante et séduisante de ces cocktails.
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