jeudi 24 septembre 2009, par
Ensemble au sommet
Tout ne s’explique pas toujours. Par exemple, je ne pourrais vous fournir aucune raison valable pour ne pas avoir écouté ce que donnait la collaboration entre Vic Chesnutt, artiste folk que j’appréciais dans les années ’90 et des membres du label Constellation qui m’ont fourni quelques doses de frissons avec des groupes aussi essentiels que Godspeed You ! Black Emperor ou Thee Silver Mount Zion.
Je l’ai d’autant moins compris en découvrant le premier morceau Coward parce qu’il y a tant de choses que j’aime là-dedans, cette conjonction de violons stridents et de guitares, cette intensité qui prend à la gorge, sans répit ni pitié, cette émotion qui étrangle inexorablement ces moments paroxystiques dont les Canadiens susmentionnés sont les plus fervents défenseurs. Voilà, après trois minutes j’étais chez moi chez eux et je faisais la liste des gens à qui j’allais le conseiller. Donc vous quoi, en gros…
Bon, n’allez pas croire que tout l’album est du même tonneau non plus. Et il faudra s’ôter ces références de la tête pour apprécier des morceaux plus apaisés. Car à ce qu’on pense, ce n’est pas un album du tralala band (une des extensions du nom de Silver Mt etc...)avec un invité mais une façon d’injecter de la beauté à un songwriting déjà classieux. Certains morceaux ont plus que d’autres reçu un traitement fortifiant. Du plus bruitiste Philip Guston à la roue libre de violons sur It Is What It Is.
Il y a quinze ans, faire du folk intimiste ne tombait pas sous le sens, et ce Vic, avec d’autres comme les innombrables projets de Will Oldham (Palace, Palace Songs, Palace Music, ce genre…) était une sorte d’exception alors que le grunge mourrait de sa belle (mais trop lente et bruyante) mort. C’est là que toute cette classe nous a fait du bien. On retrouve cette classe qui éclabousse au détour d’une découverte comme celle qui impressionne une fois qu’on s’est rendu compte que Flirting With You All My Life s’adresse à la mort. Là, on se rend compte de toute la profondeur sous-jacente sous l’apparente facilité. On retrouve cette dimension presque universelle et classique le temps du très touchant Granny s’adressant à sa grand’ mère qui clôt cet album. Et entre la grandiloquence du début et l’intimité de la fin, on a un Chinaberry Tree est un mid-tempo bien balancé, fatalement relevé mais pas exagérément gonflé. Et en tant que tel, il est un candidat aux hautes rotations. On connait trop de demi-réussites, pas mal mais pas galvanisantes pour ne pas reconnaitre un morceau supérieur à la moyenne comme celui-ci, qui finit par nous transporter.
Et puis les morceaux moins flashy qui n’avaient pas impressionné en première écoute dévoilent leurs charmes parce qu’on parle quand même d’un songwriter de premier ordre. Il y a fatalement des choses plus anodines, mais prises dans l’ensemble de l’album, on peut même se risquer à dire que ce sont des respirations tant elles sont rares. Donc toutes les chansons de l’album sont bonnes. A moins d’être allergique au style, c’est quand même comme ça qu’on fait les bons albums, non ? Cette variété est d’ailleurs bienvenue puisqu’il se débrouille mieux que bien avec sa seule guitare (When The Bottom Fell Off).
Le style des accompagnants (occasionnels vous l’aurez compris) est d’office hyperbolique et c’est ce qui me plait chez eux. Question de goûts (pas question d’échelle de valeurs là-dedans), mais c’est cette façon de trop en faire (d’Arcade Fire à Plants and Animals en passant par tout Constellation) qui me touche, pas le gros son façon Muse, The Killers ou autres Coldplay. Je sais vers quoi je me dirige, c’est tout. Une critique, c’est juste un ajustement aux valeurs personnelles et particulières, rien de plus.
Une collaboration de cet acabit ne doit pas masquer un fait essentiel. Ceci est un album de Vic Chesnutt et c’est son écriture, son intensité d’interprétation qui fait de cet album un des meilleurs albums du moment, garanti sans point faible. Et à coup sûr une de ces pièces qu’on pourra déterrer sans dommage quelle que soit l’époque. Un grand moment quoi.
Article Ecrit parOn associe depuis toujours Sharon Van Etten à Shearwater. Outre un copinage qui les a vus partager la scène le temps d’une tournée et de quelques morceaux, il y a cette pureté, cette émotion affleurante qui émeut sans autre forme de procès. C’est un don que certains artistes ont. S’ils parlent tous peu ou prou d’eux-mêmes, certains semblent parler à chaque auditeur en particulier.
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