samedi 14 novembre 2009, par
Les dernières nouvelles qu’on avait eu de Clap Your Hands Say Yeah, c’était pour annoncer un break, ce qui ne nous donnait pas l’assurance d’avoir bientôt un successeur à Some Loud Thunder, le second album plus dense et noir (et moins excitant aussi). Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que le chanteur et leader de la formation Alec Ounsworth sorte un album solo. Ce qui l’est plus c’est de se rendre compte qu’il y a aussi un autre projet sorti récemment, dont la critique a été publiée simultanément à celle-ci.
Seb (l’autre) nous le disait récemment, il y a un certain nombre de projets solos pour le moment. Je n’irais pas jusqu’à comme lui appeler ça une hype, mais même Teknikart s’est penché sur le phénomène dans un numéro récent. Et il semble que les musiciens touchés n’attendent plus d’avoir une grosse carrière derrière eux pour aller voir ailleurs. Car finalement il n’y a que deux albums de CYHSY, dont un premier qui avait avec raison enflammé ce qu’on n’appelait pas encore la blogosphère, ce qui leur valut d’avoir une renommé qui les a un peu dépassé au début. C’est qu’il était un peu brouillon leur premier concert en Belgique, dans une AB soldout alors que l’album n’était même pas officiellement sorti sous nos contrées.
Et pour vivre sa nouvelle liberté, Alec Ounsworth est allé vers le sud des Etats-Unis, à New Orleans et a enregistrè là-bas cet album avec des musiciens du cru réputés. Donc que peut donner ce mélange de tradition et de débraillé indie ? Une musique plus traditionnelle et une voix éraillée et nasillarde comme la sienne devaient à priori ne pas trop s’éloigner du Bob Dylan actuel, du moins c’est ce que j’aurais pensé. Mais en matière de figure tutélaire, on est parfois dans le bric-à-brac de Tom Waits (Bones In The Grave) ou le bastringue de Nick Cave (en bien plus léger).
En tous cas, ceux qui trouvent rédhibitoire la voix d’Alec doivent d’ores et déjà aller voir ailleurs. Et ils passeront aussi la critique de Flashy Python tant qu’ils y sont. On n’est jamais trop prudent. Ce sont les amateurs de CYHSY qui seront logiquement les premiers clients de ceci. Amateur est à prendre ici au sens large de personnes aimant ce genre d’indie débraillé. On n’est d’ailleurs pas toujours très loin d’un CYHSY sur You And Me Watson. Comme chaque fois que quelqu’un qui s’est fait connaitre au sein d’une formation en lance une autre ou agit pour son propre compte, on ne peut s’empêcher de comparer les deux résultats. Et ici l’exercice n’est pas des plus faciles parce qu’on serait tentés de dire que ça n’a pas vraiment à voir. Moins de noirceur, de nervosité, pas de tubes paradoxalement très dansants.
On sent qu’il se cherche, avec quatre albums différents seulement unis par sa voix et un côté foutraque plus ou moins transcendé. Contrairement à son autre projet Flashy Python, tout ce qui est présent ici est plus classique, mais aussi plus accessible, avec des structures de morceaux suivables, une intelligibilité supérieure, et, chemin faisant, cet album est bien meilleur.
Parce qu’il y a ici un songwriting qui prend le contrôle, par exemple quand il s’essaie à la chanson plus traditionnelle avec Holy Holy Holy Moses. Il ne s’en sort pas mal vu que le talent est quand même là, avec ici quelques jolis embellissements. Ce n’est pas cette voix là qui va vous faire chavirer comme unBon Iver ou un Vic Chesnutt mais c’est surtout sa voix qui amène un décalage. Et puis on sent son désir de bien faire les choses, qu’il s’aventure dans la balade atmosphérique avec When You’ve Got No Eyes ou dans une sarabande plus acide (Me And You, Watson). Mais il y a aussi de l’ambition, un foisonnement sur This Is Not My Home qui m’a rappelé certains des premiers Pink Floyd (disons, ceux du premier album), ou alors Destroyer, lui qui mélange aussi des éléments classiques et un ton résolument décalé. De meme, Bones In The Grave présente quand même un certain potentiel de folie, et on remarque qu’il ne s’est pas trop assagi.
Un solo de steel guitar sonne étrangement sur Obscene Queen Bee #2) et une batterie judicieuse mais très en retrait dans le mix vient rendre cette version plus convaincante que celle qui figure sur l’album de Flashy Python. Quand il se fait plus guilleret, voire presque ensoleillé, on peut le suivre aussi (South Philadelphia), alors que suis moins convaincu par le coté New-Orleans d’Idiots In The Rain.
Il n’est pas toujours facile de se forger un avis mais bien vite l’ambiance générale plait, et on sait qu’on a gagné plusieurs écoutes gratifiantes. C’est la part d’inexplicable que je laisserai en l’état. Parce que cette visite d’Alec Ounsworth nous donne droit à un résultat varié que le coté forcément foutraque rend sympathique et digeste.
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