samedi 14 novembre 2009, par
Alec se perd
Comme vous le lirez (ou vous l’avez déjà lu) par ailleurs, c’est en préparant la critique de l’album solo d’Alec Ounsworth que j’ai découvert l’existence de Flashy Python. Ceci dit, j’étais en partie excusable parce que cet album est apparu en écoute, spontanément sans annonce sur le site du groupe. Du temps a passé (c’était début aout) mais on va essayer ensemble de comprendre pourquoi on n’en a pas tellement entendu parler et pourquoi il ne va pas falloir rameuter le ban et l’arrière-ban de l’auditorat indie.
Dès le début, on comprend qu’on écoute la version Clap Your Hands Say Yeah de ce qu’est Sunset Rubdown de Wolf Parade. En écrivant ça, je me rends compte que je m’enfonce dans une spécialité, avec ses références circulaires et le risque certain de perdre quelques lecteurs en chemin. Tiens bon, lecteur ! Il est d’ailleurs à noter que tout est composé par Ounsworth, même s’il y a une pléthore de musiciens à l’exécution.
Le premier morceau est déjà plein de complexité, avec plusieurs parties qui vivent leur vie indépendamment comme ces guitares, le saxo ou la voix en dessous dans le mix. L’énergie nous emporte mais une fois dans l’œil du cyclone, on se rend compte que le manque de cohérence nous fait oublier le morceau à mesure qu’il avance. Les petits bouts s’enchainent avec une belle santé mais quand après une minute il semble que la pleine puissance est déjà là, les nerfs ne connaitront qu’un repos relatif.
C’est donc un projet qui sent bon la liberté mais qui souffre de bailler trop aux entournures. Certes, c’est ce côté foutraque qu’on aimait bien chez Clap Your Hands Say Yeah, mais surtout quand il se combinait à des beats pour devenir de la pure tuerie de dancefloor. Donc c’est bordélique, avec le risque inévitable d’être un peu crevant (Skin and Bones), avec ses chœurs en pagaille et pas forcément en grande cohérence. En termes plus clairs, c’est un album pas trop gratifiant à l’écoute d’une manière générale.
Des choses sont aussi franchement réussies, quand il laisse une chance à la mélodie de survivre (The Lady is A Ghost) mais ces moments ne durent jamais le temps complet d’un morceau. Avec trois autres albums pour prouver qu’il est capable de bonnes choses, on se rend compte du coté complaisant à sortir ce qui n’est pas bon. On s’en souvient sur le plus lancinant Obscene Queen Bee qui a son équivalent (en meilleur) sur l’album solo d’Ounsworth (jeu de piste quand tu nous tiens). Il peut ainsi souffler le chaud et le froid, les passages qui passent tous seuls et des moments trop brouillons pour emporter l’adhésion. C’est le problème de cet album, de ne pas proposer de morceau qui serait intégralement réussi, laissant l’auditeur en rade avec des semi-idées pas trop dégrossies. On sent le besoin de liberté mais on se pose la même question qu’avec Sunset Rubdown (sauf le dernier album) ou Volcano Choir : fallait-il vraiment tout publier en vrac, en laissant à l’auditeur le soin de faire le tri comme un grand ?
Sa voix, si on aime ça peut être une source de connivence mais ici, la diction se fait encore plus lâche que d’habitude, en tous cas beaucoup plus que sur leMo’ Beauty critiqué par ailleurs. Ici elle est souvent dédoublée, détriplée, et se perd dans ses propres méandres et entrelacs, et son message est moins intelligible que jamais.
Evidemment, la longueur du dernier morceau promettait de l’action et on y a effectivement droit, même si objectivement, des merveilles comme Kissing the Beehive nous ont un peu blasés. On peut aussi en déduire qu’Alec n’est pas du niveau de Spencer et Dan dans cet exercice. Cruel mais assez manifeste.
On ne sait pas exactement la suite qui sera donnée à ce projet parallèle mais entre son album solo réussi et ces épluchures épuisantes, on aura vite fait un choix. Alors, Alec, tu nous sors un album de Clap Your Hands ? Parce qu’on ne va pas suivre des Pythons, tout flashy soient-ils…
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