Accueil > Critiques > 2009

The Hidden Cameras - Origin : Orphan

jeudi 26 novembre 2009, par Marc

Contre-emploi


Il me semblait bien que cette année était moins chargée en groupes canadiens. Ce n’est pas grave hein, c’est juste une constatation alors qu’on commence tout doucement à rassembler ce qui nous a plu en 2009.

Il semblerait qu’une composante importante de l’intérêt des Hidden Cameras réside dans le joyeux décalage entre des textes un peu borderline et un esprit plus léger et festif, lequel marche indéniablement en concert. La sensation est étrange de cette voix qui se voudrait sombre et profonde alors qu’elle a donné sa pleine mesure dans l’insouciance ironique.

Ils n’évitent pas toujours un côté répétitif et monotone qui les avait déjà desservis par le passé (Colour Of A Man, A Little Bit). C’est donc parfois un peu plat, et sur la longueur d’un album on passe par des phases de relative torpeur où l’oreille de l’auditeur passionné (c’est moi ça mais je sais que c’est vous aussi) n’est attirée que par peu de gimmicks emballants. A la relecture de ma critique du précédent Awoo, c’était déjà le cas par le passé. C’est sans doute ce qui fait que ceci est un album ambitieux, un peu tordu (on pense aux Islands récents) mais n’est pas une source d’émerveillement.

Mais si cet album n’est pas médiocre, c’est qu’il y a des moments plus denses. Par exemple Walk On propose un gros abattage, avec section de cuivres en renfort. La voix et sa distanciation peuvent paraitre un peu décalées mais le tout fonctionne indéniablement. Auparavant, l’insouciance n’était certes que de façade, mais ici certains morceaux sont plus frontalement inquiétants comme celui-ci. Ou alors plus classiquement (pour eux) enlevés comme In The NA.

Ils se font par moments plus intrigants avec le gimmick de guitare de la plage titulaire. C’est en effet un peu moins gentil que leur production courante et apporte un peu de consistance, ce que vient renforcer la présence moins guillerette des cuivres alliés aux guitares à la fin. Mais on sent quand même le léger contre-emploi, dans la voix par exemple. Ce qui fait que sans la légèreté et sans générer une émotion supérieure, on se demande où ils veulent en venir même si le morceau n’est pas dénué de qualités.

Ils enchainent assez étrangement avec un morceau plus pop avec chœurs hou-ha-hou et mélodie naïve, et The Little Bit va encore plus loin dans leur façon plus habituelle. Mais quand ils s’en échappent le temps d’un slow convaincant (Silence Can Be A Headline), c’est toujours un bon moment qui nous attend. On a un album à plusieurs couleurs, de telle sorte que l’humeur sera rarement à même de suivre ces virevoltants revirements d’ambiance. Ce qui rend les morceaux plus délibérément positifs comme Underage comme presqu’incongrus.

Ce n’est pas moi qui ferai à qui que ce soit le reproche d’un virage sombre mais on ne peut pas dire que ce soit la meilleure idée pour The Hidden Cameras. Certes ils arrivent encore a sortir de bons morceaux tout en s’eloignant de leur style habituel, mais ils n’ont pas encore la cohérence et la constance qui permet de faire des albums convaincants de bout en bout.

http://www.myspace.com/hiddencameras

    Article Ecrit par Marc

P.-S.

En guise de récompense, allez faire un tour chez le Man Of Rennes (il y a toujours une bonne raison d’y aller) qui soumet In The Na à votre admiration sans bornes

Répondre à cet article

1 Message

  • Samuele - Une Paillette dans l’engrenage

    Il me faut commencer par une confession : j’ai un peu de mal avec les accents québécois trop typés ou le créole en chanson (seulement en chanson, je précise...). C’est comme ça donc cette écoute commençait par un petit handicap. Alors on se lance, histoire de voir si on arrive au bout d’une écoute. Et ça marche, alors on recommence, encore et encore.
    Pourquoi ? Parce que le ton pop est parfaitement (...)

  • Metric – Fromentera

    Il est troublant de noter le retour de Metric quelques semaines après celui de Stars. On associe mentalement les deux groupes de Toronto parce qu’ils sont contemporains, que les chanteuses ont toutes deux participé à des albums de Broken Social Scene et surtout parce qu’ils ne nous ont jamais vraiment déçus.
    On sait tout de suite qu’on ne le sera pas cette fois-ci non plus grâce à Doomscroller. Leur (...)

  • Spencer Krug - Twenty Twenty Twenty Twenty One

    Même s’il y a eu quelques années fastes, même Jean-Louis Murat ne se montre pas aussi productif que Spender Krug. Lui qu’on a croisé avec Wolf Parade, Sunset Rubdown, Swan Lake et Moonface avec ou sans Siinai officie depuis l’an passé aussi sous son propre nom. Fading Graffiti n’avait pas laissé un souvenir impérissable. Mais connaissant le bonhomme, on savait qu’il ne faudrait pas attendre longtemps (...)

  • Stars – From Capelton Hill

    On a toujours eu besoin de Stars. Que ce soit conscient ou non. Ce n’est pas un appel impérieux, non, mais chaque livraison nous fait replonger. Issus de la grande vague canadienne du début du millénaire, ils s’en distinguaient un peu en tempérant l’indie héroïque du temps par une pop rêveuse mais toujours directe.
    C’est quand ils chantent tous les deux qu’on a leurs moments les plus caractéristiques. (...)