lundi 21 décembre 2009, par
Free pop
Une fois n’est pas coutume, c’est dans une musique plus difficile que nous allons plonger. Pas dans le joli folk mélodique qui prend l’auditeur par la main. Parce que la musique de Mrs Okkido est tout en ruptures de ton, avec un maniement de la cassure qui montre une belle santé et une maitrise de tous les instants.
Sea Changes commence sous des auspices plus calmes mais comme le titre semble l’indiquer, on va subir des vagues, du gentil clapotis au plus inquiétant. Leurs occasionnelles aspérités ne gomment pas la musicalité des morceaux. Et dans bien des cas, la rythmique vient tout supporter. Certes, le chant de Toys n’est pas sifflotable en l’état mais il se fond dans cette ambiance moite, tendue qu’un solo vient relancer. D’ailleurs, si la voix est souvent parfaitement a sa place, son absence sur ce morceau (qui alors se rapprocherait de Tortoise) ne m’aurait pas gêné, au contraire. Pourtant cette voix (celle de Lynn Cassiers) est une des attractions de cette musique, et c’est elle qui permet ces transitions abruptes, cette alternance de caresse et de claque.
Mais le risque c’est de pousser le procédé trop loin, ce qui nous donne des phrasés un peu casse-bonbons (Our Tender and Cosy Shit, alors que les passages instrus sont intéressants), et un français pas a l’aise sur un texte pas passionnant (C. Jane) qui m’ont donc plus lassé. Donc il y a pour l’auditeur inhabitué matière à étonnement, voire à irritation.
Quand un Mars Volta mêle des bouts de rock épique et de plein d’autres choses pour les amener le plus loin possible de leur origine avec un résultat qui pour moi est occasionnellement fascinant mais globalement crevant (un concert m’a semblé une vraie épreuve), Mrs Okkido profite de son visiblement gros bagage technique pour essayer de pousser les morceaux dans leurs deniers retranchements. Trop parfois. Mais on ne sent ici aucune recherche de la performance, un Canyon Sous La Neige veut installer une torpeur et y arrive. De même, Le Menteur distille sa petite musique un peu claustrophobe et inquiète là où un Beetle’s Pregnancy installe des climats de langueur, avec une belle voix qui débite des bouts de mélodie un peu à contre-courant. Ils sont donc très à l’aise pour installer des paysages sonores (I See Your Face).
Comme on pourrait s’en douter, le background des musiciens regroupés autour de la saxophoniste marseillaise Audrey Lauro, est plutôt free-jazz, ce qui explique leur total manque de complexes vis-à-vis des expérimentations, ainsi que leur dextérité. D’un point de vue externe à ce milieu (je n’écoute pratiquement jamais de jazz, c’est moche mais c’est comme ça…), on pourrait dire aussi que c’est de là que vient leur goût de prendre l’auditeur à rebrousse-poil.
Pas tout le temps, mais parfois, j’aime me frotter a des groupes qui sortent des schémas traditionnels de la folk ou de la pop ou du rock. Bien évidemment, l’humeur ne s’y prête pas toujours, ce qui explique sans doute le délai qu’il m’a fallu pour arriver au bout de cette chronique. Mais une fois passé le cap de la première écoute, c’est un album sur lequel on aime revenir par touches. Cette critique a tellement trainé qu’une vraie connivence s’est installée. Ces circonvolutions compliquées s’apprivoisent sur la longueur, et si l’aspect parfois expérimental empêche de tout apprécier, il y a assez de grain à moudre pour le critique fourbu par une longue année. Faites plaisir à votre tête, surprenez-là avec Mrs Okkido.
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